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Botulisme : halte aux injections illégales !

Botulisme : halte aux injections illégales !

Par Ronstik

Fin février 2025, l’agence française du médicament a lancé une alerte. Huit femmes ont dû être hospitalisées dans un état grave après des injections illégales de toxine botulique.

Plus connue sous le nom commercial de Botox, la toxine botulique est utilisée depuis plus de 20 ans à des fins esthétiques pour atténuer les rides du visage. Ses injections, dont l’effet dure environ six mois, ne sont pas anodines. C’est pourquoi seuls les médecins habilités sont autorisés à les pratiquer en France. Un rappel sur lequel l’agence du médicament (ANSM) a tenu à insister le 27 février dernier, après le signalement de huit cas graves de botulisme.

La maladie fait régulièrement la une des journaux sous sa forme d’intoxication alimentaire après la consommation de produits en bocaux mal stérilisées. En septembre 2024, ce sont ainsi cinq personnes qui ont été placées en réanimation à Tours (Indre-et-Loire) après avoir mangé du pesto à l’ail des ours mal conservé, et dont quatre d’entre elles sont toujours hospitalisées huit mois plus tard. En septembre 2023, ce sont seize personnes qui ont été affectées après avoir consommé des conserves de sardines dans un bar bordelais et dont l’une est décédée.

Pronostic vital engagé

Cette fois, le botulisme revient sur le devant de la scène après des injections de toxine botulique à visée esthétique… par une personne non habilitée. Ce sont en effet huit femmes qui ont présenté des symptômes sévères de botulisme en août et septembre dernier, 24 à 48 heures après avoir eu affaire à un fake injector. Toutes ont cumulé des difficultés à parler, à déglutir, à marcher, à respirer - certaines d’entre elles ayant nécessité une trachéotomie - ainsi qu’une vision floue ou double. « Plusieurs patientes ont dû être hospitalisées en réanimation », remarque l’ANSM. « Avec un pronostic vital engagé », ajoute le parquet de Paris.

Les offres de ce type pullulent sur les réseaux sociaux, promettant la qualité des services d’un cabinet de médecine esthétique à moindre coût. Outre le danger de faire appel à des personnes non qualifiées pour réaliser ces injections dont la qualité du geste n’est pas assurée, le risque repose sur l’absence de traçabilité des produits utilisés. S’agit-il réellement de l’un des médicaments injectables à base de toxine botulique ? L’achat a-t-il respecté la chaîne officielle ? Quelle est la quantité réellement administrée ? Autant de questions sans réponse.

Exercice illégal de la médecine

L’agence du médicament évoque néanmoins « un surdosage » du produit qui a été injecté « au niveau du visage et du contour des yeux ». Le parquet de Paris précise pour sa part que le fake injector était une ressortissante chinoise sans aucune habilitation à pratiquer, qui intervenaient dans des appartements en dehors des conditions d’hygiène exigées.

Alors que le phénomène ne cesse de s’amplifier, l’agence du médicament appelle « chacun à la plus grande vigilance face à des pratiques dangereuses qui peuvent faire l’objet d’une promotion via les réseaux sociaux et constituent un exercice illégal de la médecine ». Elle souligne que la toxine botulique a le statut de médicament, sur prescription médicale obligatoire, elle est réservée à un usage professionnel, son achat est strictement réglementé et sa vente est interdite sur Internet. Enfin, l’ANSM rappelle que les injections de toxine botulique ne peuvent être réalisées que par des « médecins spécialistes en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, en dermatologie, en chirurgie de la face et du cou, en chirurgie maxillo-faciale et en ophtalmologie ».

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