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Enquête addictions et Covid : les jeunes en « very bad trip »

Enquête addictions et Covid : les jeunes en « very
Consommation d’alcool, de drogue, d’écrans… Quels sont les addictions des jeunes et leurs conséquences sur leur vie quotidienne ? Jusqu’où poussent-ils leurs limites ?

Déployé dans le but de notamment prévenir les accidents de la circulation, le 2e baromètre Macif et Ipsos présenté en juin dernier, « Les addictions et leurs conséquences chez les jeunes », a livré ses enseignements. Il s’avère particulièrement intéressant dans le contexte de la crise Covid qui a fortement impacté la santé mentale des jeunes à l’épreuve de confinements et de restrictions. Et ce d’autant plus que la Macif dispose d’une précédente étude réalisée avec le même protocole entre le 17 et le 30 mars 2021 (3 500 jeunes de 16 à 30 ans interrogés).

Alcool, tabac et cannabis, etc.

L’alcool reste la substance la plus consommée par les jeunes : 8 sur 10 déclarent en consommer ou avoir déjà essayé (80ؘ % en 2022 et 84 % en 2021). En 2e position dans les addictions arrive le tabac : plus d’1 jeune sur 2 déclare fumer ou avoir déjà essayé (55 % en 2022 contre 56 % en 2021). La consommation de cannabis reste stable par rapport à 2020, mais s’avère toujours inquiétante : plus d’un tiers des 16-30 ans fument du cannabis ou ont déjà essayé. Une hausse de la consommation est observée chez les jeunes vivant en colocation (28 %, +7 points). Par ailleurs, 16 % des jeunes déclarent consommer ou avoir essayé l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote ou le LSD et, parmi eux, 7 % régulièrement. En outre, plus d’1 jeune sur 10 déclare consommer ou avoir essayé la cocaïne et/ou le crack dont plus de 5 % de manière régulière. De même, 10 % de cette classe d’âge déclarent consommer ou avoir essayé l’héroïne dont 6 % régulièrement.

Toujours plus d’écrans

Près d’1 jeune sur 2 déclare passer plus de 6 heures par jour devant les écrans interactifs. Des disparités existent cependant en fonction de l’âge : les 16-24 ans sont visiblement plus nombreux à être happés que les 25-30 ans (43 % pour les jeunes de 16 à 19 ans, 45 % chez les 20 à 24 ans et 36 % pour la tranche de 25 à 30 ans). Cette tendance est donc inverse à celle constatées pour les substances traitées auparavant.

Envie de s’amuser, ne pas s’isoler des autres

Après deux ans de pandémie mondiale, ce nouveau baromètre révèle une nouvelle fois que l’envie de s’amuser, de déstresser et de se sentir bien sont les principales motivations des jeunes consommateurs, surtout pour l’alcool, le tabac et le cannabis. Concernant les consommateurs de cocaïne, de crack, d’héroïne et d’ecstasy, c’est avant tout la recherche de folie et d’intensité (23 %) qui les motive. « Après deux ans de crise Covid et de restriction, la perte de contrôle reste une des motivations principales », constatent les experts qui ont analysé ces résultats. Ce désir d’expérimentation et de transgression est avancé par les consommateurs de drogues comme le cannabis, la cocaïne, le crack, l’héroïne et l’ecstasy, mais aussi par ceux qui ont recours à l’alcool. Enfin, il apparaît que « les consommations apparaissent une nouvelle fois comme une façon d’appartenir au groupe, et ceci est encore plus vrai après deux ans de restrictions et d’isolement ». Bien que minoritaires, certains jeunes déclarent ainsi que s’ils ne consommaient pas ces substances, ils s’isoleraient des autres. Cette motivation « sociales » est notamment avancée par les consommateurs de cannabis, de crack, d’héroïne et d’ecstasy.

Pertes de contrôle

Le fait le plus alarmant de l’étude et peut-être que « si la consommation des substances évolue peu, la fréquence et la récurrence des pertes de contrôle liées à ces consommations progressent ». En effet, « elles concernent maintenant une grande majorité des jeunes âgés de 16 à 30 ans » et il est noté que « près de 6 jeunes sur 10 déclarent avoir déjà perdu le contrôle d’eux-mêmes au moins une fois au cours des 12 derniers mois du fait de leur consommation de substance, au point de ne plus savoir ce qu’ils faisaient (58 %) ; un indicateur qui augmente de 6 points par rapport à la précédente mesure (52 %) ». Les experts constatent également que « plus la consommation est régulière, plus la perte de contrôle est élevée. En effet, ce sont désormais 78 % des consommateurs réguliers qui déclarent avoir perdu le contrôle d’eux-mêmes au cours des 12 derniers mois, toutes substances confondues, soit une proportion en hausse de 7 points par rapport à l’an dernier ».

Avec les écrans aussi

La perte de contrôle liée à l’utilisation des écrans interactifs est aussi très élevée : 70 % des jeunes déclarent avoir eu cette sensation au moins une fois ces 12 derniers mois (9 points de plus que dans l’étude précédente) à cause des écrans, et 52 % au moins 10 fois (contre 45 % précédemment). Ces deniers évoquent plus en détail une perte de la notion du temps (63 %), des difficultés à trouver le sommeil (48 %), le fait de ne plus répondre aux  sollicitations de leur entourage (32 %) ou une propension à développer des problèmes de vue (30 %). Mal-être et isolement sont aussi des conséquences réelles de cette addiction aux écrans se manifestant par de l’irritabilité (26 %), une focalisation obsessive (27 %) ou un réel sentiment de malaise à chaque éloignement des écrans (27 %).

Bad trips

Enfin, près de la moitié des jeunes consommateurs, toutes substances confondues hors tabac, ont expérimenté des émotions négatives du fait de leur consommation, le fameux « bad trip » (56 % contre 49 % en 2021 et 61 % chez les consommateurs réguliers contre 54 %).

Mises en dangers sur la route

L’impact de ces consommations est plus qu’inquiétant si l’on considère leurs conséquences potentielles au moment de se déplacer puisque plus de 4 jeunes sur 5 reconnaissent avoir déjà adopté un comportement à risques à ces moments en raison de leur consommation, dont 62 % plusieurs fois. Ainsi, si 7 jeunes sur 10 déclarent être déjà rentrés à pied en ayant consommé une substance, un tiers avoir pris la voiture en tant que conducteur ou le vélo, 1 sur 5 ont piloté un scooter ou une moto sous emprise, mais aussi une trottinette, un hoverboard ou étaient en rollers.

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