En un peu plus de 10 ans, les passages aux urgences liés à la consommation de cocaïne ont été multipliés par trois. C’est ce qui ressort d’une étude publiée fin juillet par l’agence Santé publique France (SPF). Cette hausse du taux de passage aux urgences a été constante entre 2012 (où elle était de 9,6 passages pour 100 000 passages toutes causes confondues) et 2022. Elle a fait un bond en 2023 pour se stabiliser en 2024 à 27,7 pour 100 000.
Dans son étude, SPF établit une relation entre le triplement du passage aux urgences et le nombre de consommateurs de cocaïne en France, qui a lui aussi été multiplié par trois. En 2024, cela représentait donc en moyenne 97 passages aux urgences par semaine en lien avec la cocaïne, soit « un poids des usages de cocaïne en France pour la santé des Français et pour les services d’urgence qui est significatif », souligne-t-elle.
Poly-consommation
La cocaïne est la deuxième substante illicite la plus consommée dans le monde après le cannabis. Elle fait partie des drogues dont la consommation a particulièrement augmenté chez les adultes ces dix dernières années, avec 10 % d’entre eux déclarant en 2023 en avoir déjà consommé au cours de leur vie. Outre la dépendance, la cocaïne peut entraîner des effets graves, cardiovasculaires (comme des douleurs thoraciques, des palpitations ou une tachycardie) et psychiatriques (agitation, dépression, anxiété, schizophrénie), qui peuvent entraîner une consultation aux urgences. Dans 30 % des cas, ces passages aux Urgences ont débouché sur une hospitalisation.
La consommation de cocaïne s’avère par ailleurs d’autant plus risquée qu’elle est associée à d’autres substances comme l’alcool, qui augmente la durée et la puissance des effets psychoactifs ainsi que la toxicité cardiaque. Or les consultations en lien avec la consommation de cocaïne étaient fréquemment associées à des diagnostics de consommation d’autres substances : alcool dans 29 % des cas, intoxication par opiacés ou hallucinogènes (14 %), cannabis (11 %), médicaments pour traiter l’anxiété et des troubles sévères du sommeil (7 %).
Féminisation de la population
Durant la période allant de 2012 à 2024, la consommation de cocaïne concernait en très grande majorité (74 %) des hommes de 20 à 49 ans, qui sont, sans surprise, les personnes habituellement les plus consommatrices. La classe d’âge la plus représentée était les 20-39 ans, l’âge moyen étant 32 ans.
Si le taux de passage aux urgences s’est stabilisé en 2024 tous sexes confondus pour les 20-49 ans, SPF observe une légère progression chez les femmes de plus de 50 ans, ainsi que chez les garçons de 10 à 19 ans.
Les données de SPF montrent par ailleurs de fortes disparités régionales, avec des taux de passages très élevés en Guyane (42 passages pour 100 000 passages), en Provence-Alpes-Côte d’Azur (30/100 000) et en Occitanie (23/100 000). SPF rappelle que des informations sur les risques liés à la consommation de cocaïne sont disponibles sur le site Drogues Info Service, sur lequel sont également mis à disposition des adresses utiles pour trouver de l’aide et un accompagnement.