Le protoxyde d'azote est addictif

Article Info/Intox
On sait que l'usage de protoxyde d’azote est à risques pour la santé. Mais peut-il rendre « accro » ?

Le protoxyde d’azote (de formule chimique N20) est un gaz utilisé dans les anesthésies mais c’est aussi celui que l’on retrouve dans les cartouches pour les siphons à chantilly, dont l’usage est parfois détourné à but récréatif.

Danger pour la santé

Les personnes l’inhalent via un ballon de baudruche en recherchant ses effets rapidement euphorisants accompagnés de sensations d’ébriété et de désinhibition. Mais cette pratique leur fait encourir des risques très importants pour leur santé : l’usage répété de ce gaz provoque une intoxication chronique responsable d’une hypoxie cérébrale, d’une carence en vitamine B12 provoquant des troubles neurologiques potentiellement non réversibles, des troubles des capacités de compréhension dites « neurocognitives »…

Marqueurs d'addiction

Au-delà de ces problématiques connues, la question de l’existence d’une dépendance préoccupe de plus en plus les soignants. Une étude parue dans Addiction le 30 octobre 2023 a ainsi évalué les données probantes concernant la présence et la fréquence des symptômes du « trouble de l’usage de substances » (c’est-à-dire de conduite addictive) décrits dans le DSM-  5 chez les consommateurs de ce protoxyde d’azote.
Conclusion : les patients observés présentaient au moins 4 des 11 critères d’addiction, à savoir consommer plus que prévu, y investir un temps considérable, rencontrer des problèmes sociaux ou interpersonnels et développer, pour les plus gros consommateurs, une utilisation dangereuse, notamment en conduisant.

Troubles de l’usage

Lors de récents webinaires, des observations de médecins accréditent cette thèse, comme celui du Pr Laurent Karila, psychiatre addictologue à Paul-Brousse (Villejuif), assurant qu'en consultation, « ceux qui consomment beaucoup et régulièrement présentent énormément de signes de trouble de l’usage modéré à sévère ». Le réseau N20 des Hauts-de-France relate pour sa part que parmi les 144 patients pris en charge en 2024 au CHU de Lille, au CH de Roubaix et à l'hôpital Saint Vincent de Paul de Lille, la majorité présentait un usage récréatif quotidien et massif. Par ailleurs, certains d'entre eux avaient un historique de consommation considérable, allant jusqu’à plusieurs années. Les données recueillies montrent par ailleurs une augmentation progressive des doses, note le Dr Sylvie Deheul (CHU de Lille). Pour le Dr Damien Scliffet (CH de Lens), les études disponibles suggèrent toutes qu’il y a donc un intérêt à proposer à ces patients une prise en charge par des experts de l’addiction lorsqu'ils souhaitent réduire ou arrêter cette consommation.
 

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