Le fait de contracter une infection à papillomavirus humains (HPV) est extrêmement courant, surtout en début de vie sexuelle. Même si ces virus sont la plupart du temps éliminés par le système immunitaire, ce n’est pas toujours le cas et ils sont alors responsables chaque année de 6 400 nouveaux cas de cancers chez les femmes, et 2700 chez les hommes.
Les études prouvent que la vaccination, surtout si elle est effectuée chez les femmes et les hommes dès l’adolescence, peut prévenir jusqu’à 90 % des cancers du col de l’utérus. C’est pourquoi elle est recommandée en France chez les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans révolus, avec un rattrapage pour les deux sexes entre 15 et 19 ans révolus. Elle est également recommandée jusqu’à 26 ans révolus pour les hommes qui ont eu des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
La HAS a tranché
Dans ce contexte, la Haute Autorité de santé (HAS) s’était autosaisie, après avoir été sollicitée par le laboratoire MSD produisant le Gardasil 9 et par l’association Imagyn (Initiatives des malades atteintes de cancers gynécologiques) pour évaluer l’opportunité d’élargir le rattrapage à tous les jeunes adultes jusqu’à 26 ans révolus. Et à la lumière de ses travaux, la HAS a recommandé au ministère de la Santé cet élargissement du rattrapage, « tout en rappelant que la priorité reste la vaccination des adolescents de 11 à 14 ans, chez qui la couverture vaccinale reste insuffisante ».
La Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) a immédiatement salué cette nouvelle recommandation, tout en rappelant elle aussi que la priorité reste de protéger les ados : « La SFCPCV tient à souligner que la tranche d’âge prioritaire reste celle des 11-14 ans, où l’efficacité vaccinale est maximale. Vaccinés avant cet âge, les adolescents bénéficient d’une protection pouvant prévenir jusqu’à 90 % des cancers du col de l’utérus ». Et d’ajouter que « cette efficacité ne serait plus que de 15 % après 20 ans ».
Corriger une inégalité et augmenter la protection
Pour justifier sa recommandation d’étendre le rattrapage vaccinal jusqu’à 26 ans révolus pour tous (via 3 injections contre 2 entre 11 et 14 ans), la HAS a d’abord voulu corriger « une inégalité d’accès à la vaccination selon le genre et l’orientation sexuelle ».
Elle a aussi pris en compte les données d’efficacité et de sécurité du Gardasil 9 : « Le vaccin permet de prévenir efficacement les lésions cervicales précancéreuses de haut grade ainsi que les verrues génitales dans une population de femmes et d’hommes âgés de 16 à 26 ans au moment de la vaccination ; cela incluant des personnes non infectées ou préalablement infectées aux virus HPV avant la vaccination », écrit la HAS.
Les sages expliquent avoir aussi pris en compte « les données montrant que les trois quarts des jeunes adultes de cette tranche d’âge n’ont pas encore été exposés aux infections par le HPV, mais sont à risque élevé de les acquérir et de les transmettre ; le pic d’incidence pour les femmes en France se situant dans la tranche d’âge de 20 à 24 ans ». Or, une grande partie d’entre eux, estimée à 3,6 millions de jeunes de 20 à 26 ans, n’ont pas eu l’opportunité d’être vaccinés à l’adolescence, « ce qui constitue une perte de chance » aux yeux du collège. Les sages ont donc avant tout souhaité remédier à une forme d’injustice et de discrimination entre les personnes pourtant toutes potentiellement concernées par cette infection et les cancers qu’elle est susceptible de provoquer.