Une e-notice est la version numérique des documents papiers présents dans les boites de médicaments. Toutes celles relatives aux spécialités commercialisées en France sont d’ores et déjà disponibles sur la base de données publique des médicaments (BDPM) que chacun peut consulter facilement via le site base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr, en recherchant le médicament par son nom ou par le nom de la molécule qu’il contient.
Il s’agit de données à la fois administratives et scientifiques sur les traitements disponibles en France et sur le bon usage des produits de santé. Elles sont mises en œuvre par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), en liaison avec la Haute Autorité de santé (HAS) et l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM), sous l’égide du ministère des Affaires sociales et de la Santé.
QR code pour un accès direct
A compter du 1er octobre prochain, certaines boîtes de médicaments distribuées dans les officines comporteront un QR code permettant un accès direct à ces notices numériques. Ainsi, en scannant le code avec l’appareil photo d’un smartphone ou d’une tablette, chacun pourra accéder instantanément à leur version digitale, hébergée sur la fameuse BDPM. Ce sera également le cas à l’hôpital pour un nombre plus important encore de spécialités. Cette phase expérimentale est prévue pour durer deux ans.
Certains médicaments concernés seulement
Environ 170 médicaments sont concernés en ville, parmi lesquels des molécules très courantes comme des statines, des vaccins, des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et différentes formes de paracétamol (forme adulte administrable par voie orale). En fait, cette phase pilote repose sur le volontariat des laboratoires soucieux d’encourager cette pratique nouvelle pour les spécialités qu’ils commercialisent. Ceux dont les spécialités seront dotées d’un QR code cet automne ont été retenus par l’ANSM après un appel à candidature.
Aux côtés de ces spécialités de ville, environ 420 médicaments hospitaliers, parmi lesquels des anticancéreux, des médicaments de thérapie génique et cellulaire, des antibiotiques, des antihypertenseurs, ont également été retenus pour la phase pilote de cette expérimentation.
La notice papier en voie de disparition ?
La notice papier va être supprimée pour les médicaments hospitaliers, qui testeront donc une numérisation totale pour ces spécialités concernées. Ce ne sera pas le cas pour les médicaments distribués en pharmacie de ville. Dans ce cas, les patients pourront donc continuer à trouver la notice papier dans chaque boîte qui leur sera délivrée, tout en ayant accès, en parallèle, à la notice numérique, pour se familiariser avec les informations auxquelles elle donne accès. Il s'agit donc d'un outil supplémentaire.
Un contenu enrichi et réactualisé
La e-notice n’est pas juste la version numérique de la notice papier : elle contient des notions additionnelles pour enrichir l’information des patients sur les médicaments qui leur sont prescrits. Ces derniers accéderont ainsi à des liens vers des vidéos sur le bon usage de leur traitement, des dossiers thématiques sur celui-ci. Mais aussi ce que l’on appelle les "mesures additionnelles de réduction du risque" (MARR) ainsi que des informations fournies par l’ANSM sur la BDPM, qui complètent l’information de la notice issue des laboratoires.
En outre, le caractère numérique de ce mode de communication permet de fournir une information réactualisée en permanence, avec des mises à jour constantes sur les dernières données disponibles sur chaque médicament. Alors que réviser la version papier d’une notice peut demander plusieurs mois à un laboratoire.
Une pratique écologique
A l’hôpital, la suppression de la notice papier et son remplacement par la version numérique participera dès cet automne à la réduction de l’empreinte écologique globale des produits de santé. Cette phase expérimentale prévue pour durer deux ans en France est un premier pas vers une démarche globale plus large avec un impact environnemental fort à espérer. En effet, la suppression de la notice papier des médicaments est étudiée dans le cadre de la révision de la législation pharmaceutique européenne, qui doit encore faire l’objet de négociations avec le Conseil de l’UE. Des études mettent en avant les bienfaits pour la planète à attendre de la suppression des notices papier, comme celle diffusée fin juillet sur le site de la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques (EFPIA). Réalisée pour le laboratoire Takeda par Long Trail Sustainability (LTS), une société américaine de conseil aidant les entreprises à mesurer l’impact environnemental de leurs produits, elle estime que les notices électroniques des médicaments, ou e-notices, ont un impact environnemental de 89 à 98 % inférieur à celui de leurs homologues de papier.
Les représentants des patients sceptiques
Cependant, ce changement se heurte à l’opposition notamment des associations de patients (Forum européen des patients – EPF), de consommateurs (Bureau européen des consommateurs), de personnes âgées (AGE), que le Comité permanent des médecins européens (CPME), le groupement européen des pharmaciens d’officine (PGEU), l’association européenne des pharmaciens des hôpitaux (PGEU), selon un communiqué de France Assos santé, la principale association française représentant les patients. Cette dernière s’est mobilisée plusieurs fois contre la suppression des notices papier, rappelant qu’elles constituaient « le support d’information le plus accessible », ne nécessitant « ni connexion, ni appareil, ni compétences numériques spécifiques ». Et d’affirmer que « pour de nombreuses personnes – en particulier les personnes âgées, en situation de précarité numérique ou vivant dans des zones mal couvertes – ce document constitue la seule source d’information fiable. »