La réglisse est une plante régulièrement retrouvée dans les compléments alimentaires, utilisée notamment pour les propriétés digestives attribuées à sa racine. De plus, l'un de ses constituants, l'acide glycyrrhizique, ainsi que son sel d’ammonium sont autorisés comme arômes alimentaires. Son usage est également très courant pour aromatiser des confiseries et des boissons anisées (alcoolisées ou non), on la retrouve dans de nombreux produits sucrés comme salés, dans des tisanes et même des dentifrices, des médicaments et des produits dérivés du tabac.
Effets indésirables
Or, au cours des quinze dernières années (2009-2024), 107 cas d’effets indésirables liés à la surconsommation de l’acide glycyrrhizique ou de son sel d’ammonium ont été signalés au dispositif de surveillance alimentaire, appelé nutrivigilance, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Les plus fréquents ? Symptômes gastro-entérologiques (douleurs abdominales, nausées, ballonnements), dermatologiques (prurit) et symptômes généraux variés (agitation, fatigue, bouche sèche...)
Deux cas d’hypokaliémie (faible taux de potassium dans le sang, qui peut entraîner une faiblesse, des crampes, voire des troubles cardiaques) ont également été déclarés, dont l’un s’est révélé sévère avec menace du pronostic vital. « Il impliquait un surdosage manifeste par mésusage du complément alimentaire qui contenait également de la racine de rhubarbe. Cette dernière, par ses propriétés laxatives, peut aussi entraîner de façon indirecte une hypokaliémie. La sévérité de l’effet indésirable observé dans ce signalement peut être attribuée à l’association de ces deux plantes, consommées en excès », note l’Anses. Par ailleurs, les risques d’interaction avec plusieurs classes de médicaments sont connus, en particulier avec les diurétiques hypokaliémiants, les laxatifs stimulants, les glucocorticoïdes, les digitaliques, les antihypertenseurs…
Eviter le cumul
C’est dans ce contexte que l’instance s’est autosaisie en 2022 pour « évaluer les risques relatifs à la consommation alimentaire de réglisse ». Ses conclusions, diffusées le 12 juin dernier, confirment que « la consommation élevée et répétée de boissons et d’aliments contenant de la réglisse peut entraîner une hypokaliémie (diminution du potassium dans le sang) et une hypertension artérielle, augmentant ainsi le risque cardiovasculaire ». L’Anses recommande de revoir à la baisse le seuil à partir duquel l’étiquetage des produits alimentaires doit signaler la présence de réglisse, ainsi que le seuil qui déclenche une mention obligatoire pour prévenir les personnes souffrant d’hypertension artérielle d’éviter toute consommation excessive. Elle préconise aussi d’attirer l’attention des consommateurs sur les risques d’interaction avec certains médicaments.
D’autre part, l’Agence conseille aux usagers d’éviter le cumul des sources de réglisse et de signaler leur consommation aux professionnels de santé, en particulier en cas de pathologies cardiovasculaires ou rénales, d’insuffisance hépatique ou d’hypokaliémie, de grossesse ou d’allaitement, ainsi qu’en cas de doute concernant de possibles interactions médicamenteuses.
Par ailleurs, l’Anses souligne que ses précédentes recommandations sont toujours valables. Aussi, la consommation de compléments alimentaires contenant de la réglisse est réservée à l’adulte, contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante ainsi qu’en cas d’hypertension artérielle, de pathologies cardiaques ou rénales, d’insuffisance hépatique et de tout trouble de l’équilibre hydroélectrolytique.