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Benzodiazépines : une solution efficace mais temporaire

Benzodiazépines : une solution efficace mais tempo
L’Agence du médicament insiste sur l'importance de limiter le recours de ces médicaments à des périodes aussi courtes que possibles.

Arrivées sur le marché dans les années 60, une vingtaine de benzodiazépines et molécules apparentées sont actuellement commercialisées en France. Elles sont indiquées dans le traitement de l’anxiété, des troubles sévères du sommeil mais aussi de l’épilepsie, contre lesquels elles se montrent efficaces. Mais elles ont des effets indésirables potentiellement non négligeables et surtout elles peuvent entraîner une dépendance : elles doivent être prescrites pour la durée la plus courte possible.
C’est bien là tout le sens de la campagne de sensibilisations aux benzodiazépines que vient de lancer l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Elle rappelle qu’« afin de limiter les effets indésirables de ces médicaments », la législation prévoit qu’ils doivent être prescrits « de quelques jours à 3 semaines pour l’insomnie ; et au maximum 12 semaines pour l’anxiété ».

Quels effets indésirables ?

L’ANSM liste les principaux effets indésirables des benzodiazépines : la capacité de conduite de véhicules altérée, le risque de chute et les troubles de la mémoire, en complément de la dépendance, donc. Des effets potentiellement sérieux que l’Agence a jugé d’autant plus important de souligner au vu de la large consommation de benzodiazépines en France et d’une certaine banalisation de ces molécules dans le pays. Ainsi, rappelle l’ANSM, plus de 9 millions de personnes sont des utilisateurs de benzodiazépines en France en 2024, faisant de notre pays le 2ème pays européen consommateur de ces molécules. Or, s’inquiète l’Agence, les risques encourus par les patients prenant ces médicaments sont insuffisamment pris en compte par les personnes concernées : « plus d’1 personne sur 3 qui prend ou a pris des benzodiazépines considère qu’elle ne prend pas de risques avec ce traitement ». Concernant les benzodiazépines en particulier, le directeur médical de l’Agence, Philippe Vella, a précisé que « ces médicaments sont essentiellement prescrits en ville », où ils le sont à hauteur de 75 % par des médecins généralistes et de 10 % par des psychiatres.

Pas une solution permanente

Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 10 avril, la directrice de l’ANSM, Catherine Paugam-Burtz, a rappelé ce qu’est précisément le « bon usage » d’un médicament : « Il consiste à utiliser un médicament adapté à un patient qui présente une pathologie donnée » avec « un traitement qui a démontré son efficacité », auquel « il faut ajouter le respect des conditions d’utilisation » (posologie, durée du traitement…) Et d’ajouter : « Le traitement de toutes ces conditions est indispensable pour disposer d’un traitement efficace et aussi sûr que possible ».
La campagne de sensibilisation a donc pour objectif de mieux faire connaître au grand public les avantages et les inconvénients de ces molécules, mais aussi d'alerter sur l'importance de limiter la durée du traitement, sachant que d'autres actions sont possibles pour aider à lutter contre l'anxiété et les troubles du sommeil. Ces alternatives non médicamenteuses sont par exemple le sport, la lecture ou la méditation.
Parmi les slogans retenus, on peut citer : « Les médicaments contre l’insomnie, c’est pour quelques nuits. La lecture, c’est autant qu’on veut », ou « les médicaments contre l’anxiété, c’est pour une courte durée. L’activité physique, c’est sans modération ». Ou encore, s’adressant tout particulièrement aux jeunes : « Les médicaments contre l’anxiété, c’est pour une courte durée. Voir ses potes, c’est non-stop ».
Dans tous les cas, le message clé que veut véhiculer l’Agence est le même : « Anxiété, insomnie : les médicaments, une aide temporaire, pas une solution permanente ».

Les jeunes particulièrement exposés, surtout les femmes

Le gendarme du médicament veut particulièrement s’adresser à travers cette campagne aux jeunes adultes de 18 à 25 ans. En effet, une personne sur quatre de moins de 30 ans prenant ou ayant pris des benzodiazépines affirme ne pas connaître le risque de dépendance ou les dangers pour la conduite et l’utilisation de machines, a souligné l’Agence.
C’est « également dans la population jeune » que l’on « observe une augmentation de la consommation de ces médicaments au cours des dernières années, en particulier dans la population féminine », a précisé le directeur médical de l’ANSM. Alors que la consommation globale d’anxiolytiques est restée stable en France entre 2017 et 2023 et que celle d’hypnotiques a diminué de 20 %, les jeunes femmes de moins de 19 ans ont enregistré une consommation en hausse de respectivement 25 % et 3 %.

Les séniors préoccupent également

Autre population à informer particulièrement : les séniors de plus de 65 ans. Ceux-ci « représentent environ la moitié des patients chez qui les benzodiazépines sont prescrites » et « la majorité des patients chez qui on observe une prescription non conforme aux recommandations en termes de durée »
Cette campagne de 5 semaines, qui s’inscrit dans le cadre de la grande cause nationale 2025 sur la santé mentale, se concrétisera par des affiches, des partenariats avec des influenceurs et des brochures informatives destinées à sensibiliser au bon usage de ces molécules, et aussi aux alternatives non médicamenteuses possibles.

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