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Cancer du foie : améliorer l'accès aux soins de tous les Français

Cancer du foie : améliorer l'accès aux soins de to

Par Nadzeya

Les personnes défavorisées socialement le sont aussi face au cancer primitif du foie. Une étude française préconise de faciliter leur accès aux centres experts.

Le cancer primitif du foie est celui qui prend naissance directement dans les cellules hépatiques, tandis que le cancer secondaire du foie provient d’un autre organe touché (côlon, estomac, pancréas mais aussi sein, poumon, peau) qui entraîne des métastases hépatiques via la propagation de cellules cancéreuses dans la circulation.
Les cancers primitifs du foie sont dans 90 % des cas des carcinomes hépatocellulaires (CHC) ou hépatocarcinomes (donc des tumeurs malignes des cellules hépatiques) quand les 10 % restants sont des cancers des voies biliaires. Ils constituent la 6e cause de cancer mais la 3e cause de décès par cancer dans le monde. Car le foie est un organe unique, complexe et indispensable à la vie qui intervient dans le métabolisme et l’épuration du sang, synthétise la bile et de nombreuses autres substances essentielles. Son atteinte cancéreuse nécessite donc une prise en charge des plus rapides.

Vraies inégalités sociales dans l’accès aux traitements

En France, malgré un système de santé universel, des inégalités sociales persistent dans l’accès aux soins, et elles peuvent hélas affecter les chances de survie des patients face au cancer primitif du foie. Un récent rapport de la Commission du Lancet sur le carcinome hépatocellulaire (CHC) a souligné qu’en l’absence de mesures de prévention, le nombre de cas de cancer du foie pourrait presque doubler d’ici 2050. Un chiffre alarmant qui a de quoi faire réagir la communauté scientifique… et les pouvoirs publics.

C’est précisément pour tenter de définir des solutions que des équipes françaises de l’AP-HP Cochin-Port-Royal, de l’Université Paris Cité, du Centre Inria de Paris et de l’Inserm, ont mené une étude sur l’impact des inégalités sociales sur l’accès aux traitements curatifs et sur la survie des patients atteints d’un cancer primitif du foie en France. Le but de ces travaux ? Evaluer les effets de la privation socio-économique sur l’accès aux traitements curatifs comme la chirurgie, l’ablation, la transplantation, et sur la survie.  L’étude a inclus, entre 2017 et 2021, 62 351 patients adultes atteints d’un cancer primitif du foie, dont la moitié étaient issus de milieux défavorisés. Les travaux ont révélé que ces patients (sélectionnés sur quatre critères : chômage, travail manuel, niveau d’éducation et niveau de revenus) ont moins souvent accès à des traitements curatifs de leur cancer, et présentent un risque de décès plus élevé. Et, point très important, cette discrimination dans l’accès aux traitements a eu lieu indépendamment de la distance au centre de soins ou de la densité médicale de leur région.

Centraliser la prise en charge dans des centres experts

Tout au long de leur étude, les scientifiques ont exploré la piste de la centralisation des soins dans des centres experts pour réduire les inégalités. Ils en ont conclu que lorsque les malades socialement défavorisés sont pris en charge dans des hôpitaux de référence, leurs chances d’accéder à un traitement curatif sont comparables à celles des patients favorisés. Et leur risque de mortalité ne diffère plus de celui des malades plus aisés.

Les chercheurs ont même pu quantifier qu’en centralisant davantage la prise en charge dans des centres spécialisés, il serait possible d’augmenter de 25 % l’accès aux traitements efficaces pour les patients défavorisés. Les inégalités par rapport aux personnes socialement favorisées souffrant de la même pathologie seraient ainsi estompées. Les auteurs estiment à près de 800 le nombre de vies qui pourraient ainsi être sauvées chaque année en France grâce à ce nouveau réflexe de prise en charge centralisée.

Améliorer la prévention à plusieurs niveaux

En conclusion, l’étude souligne la nécessité de mettre en place une politique de santé publique ambitieuse reposant sur la réduction des inégalités sociales en matière d’accès aux soins, passant par cette centralisation de la prise en charge dans des centres experts. Les auteurs préconisent aussi des mesures de prévention comme intensifier la lutte contre l’alcool, améliorer la vaccination contre l’hépatite B et mieux prendre en charge les maladies métaboliques. Enfin, l’importance de sensibiliser le grand public à ces cancers qui font partie de ceux de mauvais pronostic (taux de survie à 5 ans de 18 %) alors que le nombre de nouveaux cas par an atteint tout de même 11 658 en 2023 (8874 chez les hommes, 2 784 chez les femmes, selon l’INCa), est soulignée. Une meilleure formation des professionnels de santé sur ces pathologies fait aussi partie des points d’amélioration listés par les auteurs.

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