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Elimination et recyclage des produits de santé

Elimination et recyclage des produits de santé
Des filières spécifiques d’élimination des médicaments non utilisés et des déchets de soins ont été mises en place, tant pour protéger les usagers que l’environnement. Les patients sont appelés à les rapporter à l’officine.

C’est en 1993 qu’une filière dévolue à l’élimination des médicaments non utilisés (MNU) a été mise en œuvre en France. L’idée est de s’assurer que ces produits de santé sont éliminés en toute sécurité, pour éviter à la fois la pollution de l’environnement et toute réutilisation inappropriée. La filière, gérée par l’éco-organisme Cyclamed, est entièrement financée par les industriels du médicament. Dans ce cadre, les Français sont invités à faire régulièrement le tri de leur armoire à pharmacie et à rapporter les MNU dans n’importe quelle officine. Un geste écoresponsable acquis puisque 82% des usagers rapportent leurs MNU en pharmacie. Et 68% ont intégré les nouvelles consignes, à savoir séparer la boîte en carton et la notice papier pour les jeter dans la poubelle de tri sélectif. En 2024, ce sont ainsi 7675 tonnes de MNU qui ont été collectés par Cyclamed et éliminés par incinération.

Déchets à risque

Une seconde filière a vu le jour en 2012, celle visant à collecter les « piquants, coupants, tranchants » issus des déchets d’activité de soins à risque infectieux (Dasri) produits en auto-soins. Gérée par l’éco-organisme baptisé Dastri et financée là aussi par les industriels de santé, cette filière concerne les patients en auto-traitement, c’est-à-dire les personnes qui s’administrent elles-mêmes un traitement par injection (stylo ou aiguille + seringue) ou qui réalisent une auto-surveillance. La collecte a été élargie à plusieurs reprises afin de s’adapter aux usages : d’abord en incluant les autotests de diagnostic de maladies infectieuses transmissibles (2017), puis en organisant une sous-filière dévolue aux Dasri avec électronique appelés e-Dasri (2022) qui s’adresse aux patients équipés d’une pompe patch ou d’un capteur de glucose en continu. Les usagers se voient remettre une boîte spécifique lors de la délivrance de leur traitement qu’ils remplissent avant de la rapporter à la pharmacie : une boîte à aiguilles (BAA) jaune et/ou une boîte violette pour les e-dasri.

Expérimentations

Ces dernières années, les réflexions vont bon train pour trouver des solutions de recyclage plutôt que d’élimination des produits de santé. Deux expérimentations sont en cours pour le recyclage des stylos préremplis (débarrassés de leur aiguille qui doit être déposée dans la boîte à aiguilles jaune) utilisés par les personnes diabétiques. La première a été lancée en décembre 2022 par le laboratoire Novo Nordisk, après deux ans de rodage au Danemark, dans quatre régions françaises : Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Île-de-France et Normandie. Une fois collectés, les stylos sont expédiés chez un prestataire qui les broie et les débarrasse de tout résidu médicamenteux. Le plastique et le verre peuvent alors être réutilisés, en l’occurrence par des fabricants de mobilier danois qui s’en servent par exemple pour produire des chaises et des globes de lampe.

La seconde expérimentation, baptisée Recypen, a débuté en juin 2024 à l’initiative des groupes pharmaceutiques Sanofi et Lilly et en collaboration avec Dastri. Dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, Hauts-de-France et Occitanie, les usagers peuvent rapporter les stylos utilisés (et débarrassés de leur aiguille) dans la boîte violette Recypen (avec leurs e-Dasri).

Vers une réutilisation

Outre ces expérimentations, l’Assurance maladie suggère depuis plusieurs années la possibilité de réutiliser certains produits de santé « non-ouverts et non périmés ». Dans ce cadre, elle a mis sur pied l’étude PERIMED avec l’agence du médicament et Cyclamed sur les MNU rapportés à l’officine. Une réutilisation qualifiée d’illusoire par l’éco-organisme puisque « ce sont des médicaments en vrac, sans boîtage et notice conformément à ce qui est demandé aux Français ». Surtout, même « non-ouverts et non périmés », il est impossible de connaître les conditions de conservation desdits médicaments une fois sortis de la chaîne pharmaceutique. C’est ce qui avait notamment motivé l’arrêt de l’utilisation des MNU à des fins humanitaires en 2009. Pour l’heure, l’idée d’une réutilisation continue son chemin puisqu’elle est défendue par le gouvernement pour mettre fin « à un gaspillage qui contribue au déficit de la Sécurité sociale ».

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