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La « maladie du foie gras » abîme aussi d’autres organes

Article Info/Intox
Causée par un abus de soda notamment, la « maladie du foie gras » est bien connue pour altérer les fonctions de cet organe. Mais a-t-elle aussi des effets délétères sur le reste du corps ?

En France, 200 000 personnes souffrent de stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), une maladie liée à l’accumulation de graisses dans le foie pouvant mener à une inflammation puis une cirrhose. Par ailleurs, plusieurs travaux ont observé des effets négatifs de l’obésité et d’un régime déséquilibré sur la fonction cérébrale et le système neurologique.

Or, pour la première fois, une étude menée par des équipes de l’Inserm, des universités de Poitiers, de Lausanne et du King’s College de Londres suggère, dans le Journal of Hepatology du 19 août 2022, que ces deux types de problèmes de santé ont un point commun, à savoir un foie trop gras.  « Cette étude est la première à établir une association entre stéatose hépatique et problèmes neurologiques dans des modèles animaux, et à identifier une cible thérapeutique potentielle », a annoncé l’Inserm le 16 novembre 2022. Les chercheurs ont en effet découvert que l’accumulation de graisses dans le foie entraîne une baisse de l’oxygène dans le cerveau et une inflammation des tissus, surexposant à des maladies neurologiques graves dont la démence.

 

Souris nourries à la junk food

Dans cette étude, des souris ont reçu deux régimes : un premier groupe rongeait sainement (pas plus de 10 % de gras dans l’apport calorique) tandis que le second absorbait 55 % de matières grasses (l’équivalent d’un régime sodas/plats industriel cuisinés). Après seize semaines, les secondes étaient toutes obèses, souffrant de NAFLD, devenues également résistantes à l’insuline, et des troubles du comportement trahissaient un dysfonctionnement de leur cerveau. Elles présentaient également une oxygénation plus faible de cet organe. Deux hypothèses ont alors été évoquées : la maladie réduirait le nombre et le diamètre des vaisseaux, apportant moins d’oxygène aux tissus ou bien des cellules spécifiques consommeraient plus d’oxygène à cause de l’inflammation détectée au niveau cérébral. Les rats du second groupe étaient également plus anxieux et déprimés.

 

Sur la piste d’un traitement

Les chercheurs ont ensuite élevé des souris ayant une particularité : elles présentaient des niveaux plus faibles que la normale d’une protéine nommée MCT1. Après avoir été soumises à un régime riche en malbouffe, « elles n’ont pas présenté d’accumulation de graisses dans le foie ni de signe de dysfonctionnement cérébral ». L’identification de cette protéine comme élément clé « ouvre des perspectives intéressantes », se réjouit Luc Pellerin, l’un des auteurs. « Elle met en évidence les mécanismes potentiels en jeu dans l’axe foie-cerveau et indique une cible thérapeutique possible. »

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