Depuis longtemps, les officines proposent à leurs patients le dépistage du diabète. Un service vécu comme une évidence, tant par les pharmaciens que par les patients. Et relevé dès 2011 par l’Inspection générale des affaires sociales : « Le dépistage est d'ores et déjà pratiqué dans certaines officines pour le diabète, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’hypertension artérielle et l'insuffisance rénale chronique. Ces dépistages ont été entrepris à l'initiative de la profession, avec le soutien parfois de l’industrie pharmaceutique ou des assureurs complémentaires. »
Dans ce contexte, l’IGAS appelle la Direction générale de la santé à évaluer « dans un délai resserré, pathologie par pathologie, l’intérêt de généraliser et promouvoir de tels dépistages » et propose que les pharmaciens réalisent « en premier recours » le test rapide d’orientation diagnostique (Trod) de l’angine, peu pratiqué par les médecins alors même qu’il leur est fourni gratuitement. Dont acte. En juin 2013, le ministère de la Santé autorise les pharmaciens, par arrêté, à réaliser les dépistages du diabète, de l’angine et de la grippe. Alors que la profession se forme massivement à cette nouvelle mission, le Conseil d’Etat annule la décision ministérielle en avril 2015, interdisant de fait le dépistage à l’officine. En cause ? Une attaque en règle des biologistes, défavorables au dépistage par les pharmaciens, qui ont déniché un vice de forme dans l’arrêté. Un nouveau texte ministériel verra le jour en août 2016 et réhabilitera, cette fois de manière pérenne, le dépistage en officine.
Du Trod à l’antibiotique
Le test glycémique en pharmacie reste aujourd’hui autorisé uniquement pendant les campagnes nationales de dépistage du diabète, à savoir la première semaine de juin et autour de la journée mondiale du diabète qui se tient chaque année le 14 novembre. Quant aux tests grippe et angine, leur pratique a pris une véritable ampleur après la crise Covid. Avant la pandémie, des pharmaciens pouvaient en effet se montrer frileux à l’idée d’effectuer un prélèvement dans le nez ou la gorge de leurs patients. Avec la pratique démultipliée des tests Covid et l’expertise acquise, le prélèvement ne pose plus question et les Trod grippe et angine sont largement pratiqués. Les industriels, jamais à court de solution, proposent même désormais des tests trois-en-un, permettant en un seul prélèvement nasopharyngé de tester le patient pour la Covid, la grippe et la bronchiolite.
La dernière grande évolution dans les missions de dépistage à l’officine concerne un nouveau dispositif mis en place en juin 2024, comprenant la réalisation d’un test suivi, en cas de positivité, de la délivrance d’un traitement antibiotique. Il s’agit en l’occurrence des tests angine (à partir de 10 ans) et cystite (femmes de 16 à 65 ans). Là encore, les officinaux ont très largement adhéré à ces nouvelles missions puisque fin mai 2025, respectivement 80% et 78% des pharmacies s’y étaient attelées (données GERS Data).
Et demain ?
Une autre façon de participer à la prévention pour les pharmaciens est de proposer aux personnes âgées de 50 à 75 ans se présentant au comptoir le kit de dépistage du cancer colorectal. L’engagement dans cette nouvelle mission mise en place en 2022 est total : 100% des officines y participent. Surtout, l’Assurance maladie relève un fort « taux de conversion » jamais observé avant l’implication de la profession. Cela signifie qu’après la remise de ce kit par le pharmacien, un grand nombre de personnes réalisent effectivement ce test à domicile et envoient leur prélèvement pour être dépisté.
Et demain ? L’idée de réaliser le Trod VIH en pharmacie poursuit son chemin. Evoquée dès 2015, l’année de la mise à disposition d’autotests VIH à l’officine, elle est expérimentée depuis fin 2024 dans six officines des Alpes-Maritimes. A suivre !