Il est à présent bien démontré que le niveau de capacité physique est le meilleur indicateur de notre capital santé. Cette capacité physique protège efficacement contre le développement des pathologies chroniques comme l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques, les pathologies ostéo-articulaires, mais aussi les pathologies mentales. Elle joue aussi un grand rôle dans la prévention de la dépendance liée au vieillissement. Robert Marchand, lui, l’avait bien compris !
Un fondu de vélo
Ce petit bonhomme d’un mètre cinquante, au rire communicatif, était une célébrité du cyclisme, à tel point que sa mémoire a été saluée par le Premier ministre, Jean Castex, après son décès le 22 mai 2021 à l’âge de 109 ans. En janvier 2017, il décrochait le record de vitesse dans la catégorie des plus de 105 ans, catégorie créée spécialement à son attention ! Et des chaînes de télévision, fascinées par l’indestructible cycliste, avaient même diffusé en direct ses 92 tours de piste au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines (78), où il venait de parcourir 22,547 km en une heure… à 106 ans ! L’année suivante, la Fédération française l’avait même interdit de nouveaux records, pour protéger sa santé, tout en lui ouvrant le vélodrome de Saint-Quentin pour qu’il puisse y rouler en toute sécurité. C’est dans son modeste studio de Mitry-Mory (77), sur son vélo d’appartement, que ce fondu de petite reine s’entraînait surtout, évitant ainsi le froid et les périls routiers alors que son audition lui jouait des tours.
« User de tout et n’abuser de rien »
Même s’il est décédé juste avant le départ du Tour de France 2021, le papy de Mitry a fait de la résistance jusqu’à 109 ans. Deux mots d’ordre pourraient en grande partie expliquer la longévité de celui qui a traversé les deux guerres : modération et régularité. « Le secret, c’est d’user de tout et de n’abuser de rien », disait-il. Et lors d’une séance photo au siège de l’AFP le 5 janvier 2017, le centenaire, immortalisé avec son maillot jaune et violet aux couleurs de l’Ardéchoise, parvenait encore à hisser son vélo sur l’épaule et répétait son mantra : « A mon âge, il ne faut jamais arrêter. Si vous arrêtez, vous êtes foutu ».
Jamais trop tard
Ne jamais s’arrêter, mais ne pas forcément commencer tôt. Robert Marchand était un lièvre sur son vélo, mais il a commencé sur le tard comme la tortue de la fable. Dans sa jeunesse, ce natif d’Amiens avait d’abord renoncé à la carrière de cycliste professionnel, découragé par sa frêle carrure. Il a alors roulé sa bosse au Venezuela, en Italie, au Canada, comme marchand de vin, pompier, maraîcher, planteur de canne à sucre. Et ce n’est qu’à la soixantaine qu’il s’est remis en selle pour de bon, comme cycliste amateur. La suite, on la connaît : des années d’engagement et d’entraînement. Et une hygiène physique de tous les instants, faite notamment d’assouplissements quotidiens, l’un des secrets de longévité du champion. Un exemple de plus en faveur d’une activité sportive débutée à tout âge, pour un bénéfice certain, quelle que soit l’intensité de l’exercice.
