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Les patients réclament un accès facilité aux nouveaux antimigraineux

Les patients réclament un accès facilité aux nouve

Par pitipat

Les traitements récemment autorisés dans le traitement de la migraine sont trop coûteux pour les patients, rappellent les spécialistes, qui réclament qu’ils soient remboursés.

Une association de patients, La Voix des migraineux, et des médecins spécialistes de cette pathologie (la Société française d’étude des migraines et céphalées, SFEMC) insistent pour que le remboursement des nouveaux médicaments antimigraineux soit acté par l’Assurance maladie. Encore aujourd’hui « la migraine reste perçue comme une maladie qui n’est pas grave et un amalgame persiste avec un simple mal de tête », se désole Christian Lucas, médecin au CHU de Lille et président de la SFEMC. Ces crises de maux de tête souvent intenses, qui peuvent durer de quelques heures à quelques jours ont pourtant des répercussions non négligeables sur la qualité de vie.

Deux nouvelles familles de médicaments sont disponibles depuis peu en pharmacie de ville contre la migraine : d’un côté Emgality (galcanezumab) et Ajovy (frémanezumab), des anticorps monoclonaux CGRP (la CGRP est une protéine qui joue un rôle dans le déclenchement des crises de migraine), sous forme injectable, et non remboursés ; et de l’autre un gépant, Vydura (rimégépant), sous forme de comprimé à prendre en cas de crise, également non remboursé. Un nouveau gépant, Aquipta (autogépant) pourrait être prochainement commercialisé, mais le laboratoire n’est pour l’heure pas en mesure de préciser s’il sera bien disponible en ville.

Révolution thérapeutique

Ces nouveaux traitements sont destinés aux patients non soulagés par les traitements classiques de la migraine lors des crises, c’est-à-dire des antalgiques ou anti-inflammatoires, éventuellement associés à un médicament vasoconstricteur, ou non soulagés par les traitements préventifs (médicaments développés pour d’autres maladies que la migraine mais qui ont prouvé leurs bénéfices sur cette pathologie). « Ils sont une révolution thérapeutique avec une grande efficacité et très peu d’effets secondaires contrairement aux traitements traditionnels », souligne Christian Lucas dans un entretien avec APMnews. En mars, l’American Headache Society (la société savante spécialiste des migraines aux Etats-Unis) a estimé que les médicaments ciblant la protéine CGRP devraient désormais être les traitements préventifs proposés en premier lieu pour la migraine. Près de 17 000 patients en France répondraient aux critères de diagnostic leur permettant de bénéficier des antimigraineux ayant ce mode d’action.

Toutefois ces traitements ne sont pas remboursés en France : ils demeurent donc extrêmement coûteux pour les patients (entre 270 et 470 euros pour une seringue d’Ajovy à injecter une fois par mois, ou entre 75 et 99 euros la boîte de deux comprimés de Vydura). Des tarifs exorbitants qui semblent impliqués dans le suicide d’une jeune Française de 25 ans en mars 2021, comme l’avait alors rapporté son époux et la neurologue qui la suivant. Enfin soulagée par les traitements nouvelle génération qu’elle testait dans le cadre d’un essai clinique, elle se trouvait dans une impasse financière pour poursuivre cette prise en charge une fois l’essai terminé, aucun accord n’ayant été trouvé entre l’Assurance maladie et le laboratoire produisant le médicament.  

Exception française

« Nous avons besoin que tous les médicaments soient remboursés en ville », insiste la présidente de La Voix des migraineux, Sabine Debremaeker. La situation est d’autant plus incompréhensible pour elle et les patients qu'elle représente que 23 pays européens prennent en charge le coût de ces traitements. De leur côté les autorités de santé justifient leur refus de prise en charge par un avis d’expertise notant une absence de progrès thérapeutique des anticorps monoclonaux CGRP par rapport aux autres traitements disponibles et « les prétentions tarifaires » trop élevées des laboratoires les commercialisant. La présidente de La Voix des migraineux a pour projet de rencontrer le nouveau ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux, afin de lui demander, pour ces nouveaux traitements, le statut de médicament d’exception (c’est-à-dire soumis à un remboursement particulier, régulièrement contrôlé par les autorités).

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