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Que penser des compléments alimentaires « anti-cancer » ?

Illustration - Que penser des compléments alimenta

Adobe Stock - Par DragonImages

On entend souvent parler de plantes, nutriments ou régimes censés aider les personnes touchées par le cancer. A quoi faut-il faire attention ?

A l’annonce d’une maladie, il est fréquent d’avoir envie de modifier son mode de vie, de reconsidérer certains choix, notamment alimentaires. Concernant les cancers, la presse se fait régulièrement l’écho des effets bénéfiques supposés de telle classe d’aliments, de telle plante ou de tel régime. Si les liens entre alimentation et cancers n’ont pas encore livré tous leurs secrets, certains ont été démontrés par des études sérieuses. Dans une conférence disponible en ligne sur le site du Centre de cancérologie Léon Bérard, Pascale Roux, responsable du service de diététique, fait le point sur ce vaste sujet.

Des recommandations fiables…

Parmi les recommandations fiables car s’appuyant sur la science, figure la limitation de la consommation d’alcool et de tabac. En effet, l’alcool est impliqué dans la survenue de près de 20% des cancers et le tabac dans 8%. Lorsque l’on souhaite adopter une alimentation anti-cancer, la première étape devrait donc être de réduire sa consommation d’apéritifs et autres vins. L’arrêt du tabac réduira également les risques de cancer et de bien d’autres pathologies.

.. et d’autres moins

D’autres suggestions sont moins démontrées scientifiquement. Parmi les types d’aliments fréquemment présentés comme « anti-cancer » figurent en bonne place ceux qu’on appelle « anti-oxydants », comme le curcuma, les baies de goji, la grenade ou le corossol. Ils permettraient d’améliorer la tolérance des traitements anticancéreux, voire d’en diminuer la toxicité. Hypothèse séduisante ! Sauf que la majorité des effets, une fois évalués dans le cadre d’études cliniques, se sont révélés décevants. Comme l’explique Pascale Roux, faisant le point sur la recherche : « Au mieux, on n’a pas retrouvé d’association entre aliments antioxydants et baisse de mortalité ». Et la spécialiste va plus loin : « Des méta-analyses ont même montré que certains éléments couramment présents dans ces super-aliments [ou proposés dans des compléments alimentaires] pouvaient avoir une incidence négative. » Ainsi, le bêta-carotène entraînerait une augmentation du risque de cancer du poumon et de l’estomac chez les patients fumeurs et les personnes exposées à l’amiante.
Autre exemple : le curcuma. Cette poudre jaune est souvent présentée comme efficace contre la toxicité de la chimiothérapie. Cependant, les études soutenant ces propriétés ont été réalisées avec un extrait de curcuma fortement dosé en curcumine, et non pas la poudre telle qu’on la trouve couramment sur le marché pour une utilisation culinaire, par exemple. De plus, comme le précise Pascale Roux, « le niveau de preuve de ces études est très faible ».

Des interactions à ne pas ignorer

Il ne faudrait pas non plus ignorer le risque d’interactions entre compléments alimentaires ou aliments et certains médicaments de chimiothérapie. L’action anti-oxydante de gélules de curcuma pourrait, si elle était importante, protéger non seulement les cellules saines mais aussi les cellules cancéreuses des effets de la chimiothérapie, voire les aider à se réparer après qu’elles ont été ciblées par les traitements. Une réflexion qui donne le vertige ! Pour Pascale Roux, « la prise de compléments alimentaires dosés fortement doit se faire avec prudence ». Il est « impératif d’en parler à son oncologue pour qu’il valide l’absence de risque en fonction du traitement prescrit ».

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