Alors que les entretiens pharmaceutiques en format long (deux à trois séances de 30 minutes à 1 heure sur plusieurs années) restent peu pratiqués en raison des difficultés à dégager le temps à y consacrer à l’officine et de la lourdeur administrative qui les accompagnent, l’Assurance maladie a imaginé un autre format d’accompagnement en pharmacie. C’est ainsi que sont nés les entretiens courts fin 2022. Il s’agit d’un échange d’environ 5 minutes au comptoir entre le pharmacien et l’usager.
Femmes enceintes
Premier sujet choisi : la femme enceinte. Ces dernières années, les autorités multiplient les communications dans leur direction pour faire savoir que, de manière générale, l’utilisation des médicaments doit être évitée pendant la grossesse. Un message encore mal appréhendé par les premières concernées, et qui doit s’adapter face à une affection aiguë ou chronique. C’est tout l’objectif de cet entretien pharmaceutique court : le pharmacien évoque les risques liés à la prise de médicaments pendant la grossesse, qu’ils soient sur prescription ou disponibles sans ordonnance. C’est aussi l’occasion d’insister sur l’importance de certaines vaccinations chez la femme enceinte, en particulier contre la grippe d’une part et la coqueluche d’autre part. Selon l’Assurance maladie, un peu plus de 40% des officines réalisaient des entretiens femmes enceintes à fin 2024.
Traitement par opioïdes
Depuis le 8 janvier 2025, un nouvel entretien court est possible en officine pour les patients sous opioïde. Le pharmacien peut le proposer aux adultes traités par un médicament contenant l’une des molécules suivantes : tramadol, codéine, dihydrocodéine et poudre d’opium. L’entretien est possible en cas de renouvellement de prescription, c’est-à-dire dès la deuxième délivrance du médicament concerné au cours des 12 mois suivant la première. Le but ? Prévenir et repérer tout mésusage ou dépendance. Là encore il s’agit d’un entretien unique (par période de 12 mois) mais le pharmacien met en place une surveillance renforcée lors des renouvellements suivants en fonction des risques détectés. L’échange avec le patient, de préférence dans un espace garantissant la confidentialité, vise à l’informer des risques de mésusage et à lui rappeler les règles de bon usage : respect des doses, voies d’administration, horaires de prise et durée du traitement, démarche d’arrêt du traitement, surveillance d’éventuels effets indésirables, signes de surdose ou de sevrage… Un court questionnaire en 5 points permet d’évaluer le risque de dépendance qui, s’il est avéré, impose au pharmacien d’alerter le prescripteur ou le médecin traitant sauf si le patient s’y oppose. En moins de 5 mois, ce sont 15% des pharmacies qui ont réalisé des entretiens dits opioïdes.