Les entretiens pharmaceutiques

Les entretiens pharmaceutiques
Les entretiens pharmaceutiques visent à accompagner les patients chroniques sous anticoagulants oraux, sous corticoïdes inhalés pour traiter leur asthme, ou sous anticancéreux oraux. Un 4e type s’adresse aux personnes âgées prenant plusieurs médicaments.

Partant du principe qu’un patient chronique bien soigné dépend en grande partie de son propre investissement dans le suivi de ses traitements et dans une bonne hygiène de vie, ainsi que de la régularité de ses consultations médicales, les pouvoirs publics ont imaginé les entretiens pharmaceutiques. Parce que le temps médical ne cesse de se réduire, ils ont en effet voulu compléter les dispositifs en place, tels que l’éducation thérapeutique du patient ou ETP. Le but : expliquer les prescriptions, promouvoir l'observance, informer sur les pathologies traitées, détailler le fonctionnement des dispositifs médicaux et motiver l’adoption de règles hygiéno-diététiques adaptées.

En pratique, il s’agit d’un suivi au long court composé de deux entretiens par an qui peuvent durer 30 minutes à 1 heure. Un entretien initial s’ajoute la première année pour recueillir les informations générales sur le patient, évaluer l’appropriation et l’observance du traitement et présenter le programme des entretiens à venir.

Accompagnements asthme et anticoagulants

Concernant les patients sous corticoïdes inhalés, traitement de référence de l’asthme persistant, un entretien pharmaceutique peut être instauré lorsque les patients présentent une prescription au moins égale à six mois. Après l’évaluation suivront des entretiens thématiques sur les principes du traitement, la technique d’inhalation, les effets du traitement, l’observance et les facteurs déclenchants. Le cycle se termine par un bilan.

Les patients sous anticoagulants oraux (antivitamines K ou AVK, anticoagulants oraux directs ou AOD) doivent être informés des précautions à prendre avec ce type de traitement. Ils constituent en effet l’une des premières causes d’accidents iatrogéniques, c’est-à-dire liés aux effets secondaires, car ils présentent un risque hémorragique élevé en cas de surdosage et de formation de caillots sanguins en cas de sous-dosage. Un accompagnement pharmaceutique est préconisé pour toute prescription supérieure ou égale à 6 mois. Les thèmes abordés : surveillance biologique, observance, effets du traitement, vie quotidienne et alimentation. Du fait de la lourdeur des procédures imposées par les autorités, les entretiens asthme et AOD/AVK ont rencontré un succès très limité pendant plus de 10 ans, mais on observe un sursaut en 2024. Après une longue stagnation autour de 4%, en décembre dernier ce sont 19% des pharmacies qui s’étaient investies dans ces missions (données Assurance maladie). La progression se poursuit selon les chiffres du GERS Data qui, à fin mai 2025, comptabilisent 32% des officines engagées dans ces entretiens.

Chimiothérapie orale

Fin 2020, l’accompagnement des patients chronique s’enrichit d’un nouvel entretien pharmaceutique dévolu aux patients sous anticancéreux oraux à partir de 18 ans. Après analyse des interactions médicamenteuses potentielles avec d’autres traitements, le pharmacien réalise un entretien initial pour évaluer les connaissances du patient sur son traitement et l’informer des modalités d’administration. Les entretiens suivants sont consacrés à l’observance et aux difficultés rencontrées dans la vie quotidienne en lien avec son traitement, notamment la gestion des effets indésirables.

A noter que le pharmacien doit informer le centre spécialisé en oncologie et le médecin traitant de l’intégration du patient dans ce dispositif. En outre, afin de prendre en compte la possible vulnérabilité du patient, la convention pharmaceutique signée en 2022 avec l’Assurance maladie prévoit que ces entretiens peuvent se dérouler non seulement à l’officine mais aussi à domicile ou à distance (télésoin). Plus récents et plus techniques, les entretiens anticancéreux oraux sont encore peu pratiqués (13% du réseau en 2024).

Bilan partagé de médication

Également sous la forme de longs entretiens, le bilan partagé de médication ou BPM a vu le jour en 2018. Il s’adresse aux patients de plus de 65 ans souffrant d’une ou plusieurs pathologies chroniques et prenant au moins cinq médicaments différents prescrits pour une durée supérieure ou égale à 6 mois. Il s’agit d’évaluer l’observance et la tolérance du traitement, d’identifier les interactions médicamenteuses et de vérifier les conditions de prise et le bon usage des médicaments. Après un premier entretien au cours duquel le pharmacien recueille tous les traitements utilisés (il peut demander au patient d’apporter ses traitements, ordonnances, analyses biologiques, etc.), il réalise une analyse de l’ensemble et transmet ses conclusions au médecin traitant. Un second entretien permet de les partager avec le patient, de faire part des échanges qu’il a pu avoir avec le médecin et de délivrer ses recommandations sous la forme d’un plan d’accompagnement pour le bon usage de ses médicaments. Les rendez-vous suivants s’intéressent au suivi de l’observance et se concluent par un bilan.

Ce BPM peut être réalisé en Ehpad sous un format adapté. Par ailleurs, le BPM peut, depuis le 1er janvier dernier, être prescrit par le médecin, en amont d’une consultation dite de déprescription, à ses patients hyperpolymédiqués (au moins 10 médicaments différents) de plus de 80 ans. L’enjeu : réduire le nombre de traitements chroniques sans altérer la prise en charge, voire en l’améliorant. En 2024, les BPM étaient réalisés par moins de 20% des pharmacies.

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