Allergie ou hypersensibilité ?

Allergie ou hypersensibilité ?
L’hypersensibilité à une molécule médicamenteuse peut se traduire par différents symptômes à la gravité variable. Elle ne doit pas être systématiquement assimilée à l’allergie.

La prise de médicament peut malheureusement exposer à une réaction : vomissements, apparition de boutons ou de plaques rouges sur l’ensemble du corps, angioœdème (œdème de Quincke) c’est-à-dire gonflement du visage et de la gorge… Cette réaction peut même aller jusqu’à mettre la vie du patient en danger si elle se traduit par un choc anaphylactique, caractérisé par une chute de la tension artérielle, un pouls faible et très rapide, une transpiration importante, une respiration difficile et sifflante… Parmi les médicaments les plus susceptibles de provoquer de tels effets indésirables figurent les antibiotiques et les anti-inflammatoires non stéroïdiens mais aussi les produits de contraste iodés ou certains anticancéreux comme les sels de platine. 

L’allergie, une étiquette usurpée ?

De façon générale, on dira au patient qu’il a fait une « réaction allergique » à son traitement. Cependant, selon les experts, il s’agit d’une approximation ! « Globalement, moins d’une réaction sur dix de ce type est [réellement] d’origine allergique, explique Pascal Demoly, coordinateur du service de pneumologie et d’allergologie du CHU de Montpellier. Plus précisément, en ciblant cliniquement les symptômes pouvant s’apparenter à une réaction allergique, on trouve qu’environ seuls 17 % des adultes et 10 % des enfants présentent réellement une forme allergique. » Dans tous les autres cas, l’étiquette d’allergie est usurpée. C’est pourquoi il faut plutôt parler dans un premier temps d’hypersensibilité médicamenteuse. Un terme générique qui englobe bien l’allergie (soit 10 % des cas) mais qui comprend également d’autres réactions immunologiques qui ont notamment pour caractéristique une gravité moindre pour la santé de la personne concernée.

S’il s’agit d’une véritable allergie, « le système immunitaire du patient réagit spécifiquement à un antigène contre lequel il a été immunisé auparavant » lorsqu’il a été exposé une première fois à ce médicament, explique Marc Pallardy, professeur de toxicologie à l’UFR de pharmacie de l’Université Paris-Saclay. La réaction est alors potentiellement grave et elle peut engager son pronostic vital. Or, en cas de nouvelle administration du médicament malgré l’alerte, la réaction sera généralement plus sévère que lors de la première réaction. Dans le cas plus fréquent des réactions non allergiques, aussi parfois appelées pseudo-allergies ou encore réactions anaphylactoïdes, les effets sont très rarement graves et surtout ils ne sont pas plus importants lors d’une nouvelle prise du médicament suspect.

 

Rechercher le vrai diagnostic

Pourquoi est-il si important que le diagnostic du patient soit affiné pour faire la différence entre allergie et un autre type d’hypersensibilité médicamenteuse ? Parce que le risque pour sa santé n’est pas du tout comparable, donc, mais aussi parce que la crainte qu’il s’agisse d’une allergie vraie, très dangereuse, poussera les médecins à ne plus jamais prescrire ce traitement précis à ce patient alors que la prise en charge en question serait peut-être la plus adaptée. Le diagnostic d’une allergie médicamenteuse posé à tort peut potentiellement entrainer une perte de chance pour le patient dans la poursuite de sa prise en charge. Pascale Couratier, directrice générale de l’Association française pour la prévention des allergies (Afpral) le martèle : « Il est essentiel pour un patient de se faire diagnostiquer afin de s’assurer qu’il est bien allergique à tel ou tel médicament et que sa réaction n’est pas due à d’autres causes. »

Devant toute réaction après la prise d’un médicament, il est important d’en parler à un soignant, par exemple à l’équipe de son officine. En effet, il peut être difficile pour un patient de faire la différence entre les différentes formes de l’hypersensibilité médicamenteuse. Le pharmacien, en recueillant la description des symptômes, pourra donner un premier avis sur la nature de la réaction et la conduite à tenir. En dehors des cas simples, il encouragera le patient à consulter un spécialiste, en l’occurrence un allergologue spécialisé dans les réactions aux médicaments. Pour Pascale Couratier, « une fois le diagnostic posé, le pharmacien peut accompagner le malade dans sa gestion de la pathologie, en lui proposant notamment une alternative thérapeutique », c’est-à-dire en vérifiant quel autre traitement il pourrait se voir prescrire pour éviter toute réaction. En complément, les associations de patients comme l’Afpral sont d’un soutien très important pour appréhender cette pathologie.

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