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Antibiorésistance : la pandémie silencieuse

Antibiorésistance : la pandémie silencieuse

Par H_Ko

La perte d’efficacité des antibiotiques contre les bactéries pathogènes qu’ils ciblent ne cessent de s’accroître. Elle constitue une menace d’ampleur pour la santé mondiale.

C’est une lutte sans fin qui se livre depuis la première utilisation médicale de la pénicilline comme antibiotique à l’orée des années 1940. L’antibiorésistance est en effet un mécanisme naturel mis en place par les bactéries pour se défendre. Encodé dans son matériel génétique, il confère un avantage sélectif à toute souche bactérienne qui va ainsi pouvoir résister à l’antibiotique censé la détruire. Si cette résistance peut se transmettre au sein d’une même souche, elle peut également se disséminer lors d’échanges entre espèces différentes de bactéries. Une résistance apparue chez une bactérie de l’environnement ou d’un animal peut ainsi se propager à celles qui vivent dans l’organisme humain.

Le mauvais élève français

Selon un rapport du ministère de la Santé de 2015, 30 à 50 % des prescriptions d’antibiotiques en France n’auraient pas lieu d’être et ce pour deux raisons : soit parce que la molécule choisie par le médecin n’est pas appropriée au pathogène qui cause l’infection, ou tout simplement parce l’infection n’est pas engendrée par un germe sensible aux antibiotiques à l’instar des maladies virales. Si elle n’est pas la dernière de la classe européenne, la France figure toutefois à la quatrième place des pays continentaux les plus gros consommateurs d’antibiotiques par an et par habitant.

Urgence mondiale

Une étude parue en février 2022 dans la prestigieuse revue médicale The Lancet a compilé les données provenant de 204 pays et conclut que l’antibiorésistance tuait déjà plus que le paludisme ou le sida. En 2019, près de 5 millions de décès dans le monde étaient ainsi associés à la résistance aux antibiotiques. Les projections à l’horizon 2050 sont aussi claires que catastrophiques : si rien n’est fait pour inverser la tendance, l’antibiorésistance deviendra la première cause de mortalité dans le monde, tuant 10 millions de personnes chaque année.

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