C’est officiel depuis le 30 avril dernier : le prix de Beyfortus dans ses deux dosages (50 mg ou 100 mg) est fixé à 401,80 euros et il est remboursé par l’Assurance maladie à hauteur de 30%. C’en est donc terminé de la procédure exceptionnelle mise en place pour ce médicament, permettant d’immuniser les nourrissons contre le virus respiratoire syncitial (VRS – principal responsable de la bronchiolite), à la mi-septembre 2023.
À cette date, après une précédente saison hivernale touchée par une triple épidémie de grippe, Covid et bronchiolite, l’Etat avait en effet fait le choix de mettre à disposition ce traitement de manière précoce grâce à des négociations avec le laboratoire Sanofi, et de le prendre en charge intégralement. S’appuyant sur les vaccinations pédiatriques recommandées (donc non obligatoires), il avait tablé sur un taux d’adhésion de 30% et commandé 200000 doses de Beyfortus. Contre toute attente, les jeunes parents ont été convaincus à plus de 80 %. Face à la pénurie, les autorités ont donné la priorité au circuit des maternité, suspendu celui des pharmacies et commandé 50000 doses supplémentaires, le maximum que pouvait fournir Sanofi.
Preuves d’efficacité
Résultat : 215000 nourrissons ont bénéficié de l’immunisation par cet anticorps monoclonal (nirsévimab) entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024. Selon deux études complémentaires menées par l’agence Santé publique France et l’Institut Pasteur, l’administration de Beyfortus a permis d’enregistrer « une baisse significative du nombre de nourrissons hospitalisés et une efficacité du traitement en vie réelle estimée entre 76% et 81% pour ceux admis en réanimation ».
De plus, l’utilisation de ce traitement a évité environ 5800 hospitalisations après passage aux urgences en France métropolitaine, dont 4200 chez les enfants âgés de 0 à 2 mois. Soit une efficacité estimée à 73% contre les hospitalisations pour bronchiolite à VRS. Des résultats qui sont cohérents avec ceux d’une étude clinique internationale publiée en décembre dernier, ayant inclus 8058 nourrissons en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Celle-ci met en avant une efficacité de 83,2% contre les hospitalisations pour bronchiolite à VRS et de 75,7% contre les formes les plus graves (admission en réanimation).
600000 doses sécurisées
Face à ces preuves d’efficacité et l’engouement des parents pour le Beyfortus, la Direction générale de la santé (DGS) indique qu’elle a sécurisé le nombre de doses nécessaire pour l’hiver prochain : 600000 doses pour répondre à un taux d’adhésion de 85%. Néanmoins, souligne-t-elle, ce nombre devra être ajusté avec la future mise sur le marché français d’Abrysvo, un vaccin contre le VRS notamment indiqué chez la femme enceinte pour protéger le bébé dès sa naissance. Celui-ci a été approuvé le 23 août dernier par l’Europe et doit faire l’objet d’une recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS) avant l’été.
En attendant, Beyfortus devrait être disponible en septembre prochain pour la campagne d’immunisation dont le calendrier sera fixé par les autorités. Pour l’heure, les modalités de distribution ne sont pas encore connues. La HAS préconisant l’injection avant la sortie de la maternité, il serait cohérent de continuer à prioriser ce circuit, même si le médicament devrait aussi être accessible en pharmacie de ville.
