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Des risques d’infections graves avec les IPP chez les bébés

Des risques d’infections graves avec les IPP chez

Par Konstantin Aksenov

Les inhibiteurs de la pompe à protons ou IPP sont des médicaments limitant la production d’acide par l’estomac. Une étude montre que leur utilisation augmente le risque d’infection chez les enfants à qui ils sont prescrits.

Une vaste étude, publiée le 14 août 2023 dans la prestigieuse revue JAMA Pediatrics, a évalué avec précision les associations entre l’utilisation des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) très employés pour traiter le reflux gastro-œsophagien (RGO) du bébé et le nombre d’infections graves chez les enfants qui en prennent. Ces médicaments de la classe des IPP ont pour point commun d’avoir, dans tous les noms des molécules concernées, le suffixe «prazole ».

Une longue période d’observation

Les enfants inclus dans cette étude étaient nés en France entre 2010 et 2018 et avaient reçu avant décembre 2019 un premier traitement pour RGO ou un autre trouble lié à l’acidité gastrique. Leur traitement comprenait soit des IPP, soit d’autres molécules connues pour leurs effets sur l’acidité gastrique.  Ces enfants avaient en moyenne débuté leur traitement à la fin du 3ème mois de vie et ont été suivis durant presque 4 ans.

Un risque d’infections graves augmenté de 34 %

Les résultats sont nets : le risque global de survenue d’une infection grave est accru de 34 % par une cure d’IPP en cours ou antérieure. Sont essentiellement concernées des infections digestives, ORL, des voies respiratoires inférieures, des reins et des voies urinaires, ainsi que du système musculo-squelettique et du système nerveux. Et enfin, le risque infectieux croît avec la durée du traitement et baisse progressivement après son l’arrêt.

Les inconvénients des avantages

L’explication est logique : « L'acidité gastrique constitue une défense fondamentale de l'hôte en tuant divers agents pathogènes ingérés. » Lorsque les IPP amoindrissent cette acidité, la protection qu’elle apporte vis-à-vis des agents infectieux n’est plus aussi fiable. Par ailleurs, l’utilisation de ces molécules « peut entraîner des infections par altération du microbiote ou action directe sur le système immunitaire ». Pour les chercheurs, « les inhibiteurs de la pompe à protons ne doivent pas être utilisés sans indication claire chez les enfants », c’est-à-dire sans être certain que les jeunes patients souffrent bien d’un reflux pathologique qui ne serait pas suffisamment soulagé par des traitements anti-acides par voie locale. En 2022 déjà, la Haute Autorité de santé (HAS) avait précisé que « la prescription d’un IPP devait être réservée aux nourrissons âgés de plus de 1 mois et aux enfants ayant un RGO persistant et gênant ». Il semble qu’à la lumière de cette nouvelle étude, ces précautions sont plus que jamais à respecter.

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