Le virus respiratoire syncytial (VRS) est un virus fréquemment rencontré durant l’hiver. Il provoque des infections des voies respiratoires supérieures (nez et gorge) et peut aussi entraîner des atteintes au niveau des poumons. Il fait partie des nombreux virus responsables des rhumes, c’est-à-dire des encombrements nasaux, des larmoiements, des irritations de la gorge, de la fièvre...
Chez les enfants de moins de 2 ans, il est responsable des bronchiolites, pouvant mener à une altération très sévère de l’état de santé du petit concerné
Chez les personnes âgées de plus de 65 ans, il peut également entraîner des complications graves pouvant mener au décès : détresse respiratoire aiguë, pneumopathie, aggravation des symptômes d’une maladie cardiopulmonaire déjà existante… C’est ainsi que chaque hiver, « 15 000 à 20 000 personnes âgées sont hospitalisées à cause du VRS et plusieurs milliers en meurent, comme pour la grippe », selon les données de l’ANSM.
Trois vaccins bientôt
En France, deux vaccins sont disponibles pour protéger les adultes, donc les personnes âgées contre ce VRS : Arexvy (GSK) pour les personnes de 50 ans et plus et Abrysvo (Pfizer) pour tous les adultes. Et un troisième, mRESVIA (Moderna), a été approuvé en Europe en août dernier pour les personnes de 60 ans et plus.
« Néanmoins, à ce jour, en France les patients âgés ne peuvent pas bénéficier de ces innovations vaccinales », alertent cinq sociétés savantes, la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), la Société française de microbiologie (SFM), la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), la Société de pneumologie de langue française (SPLF) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf). Selon ces experts, les vaccins contre le virus respiratoire syncitial (VRS) « ne sont pas remboursés, faute d’entente sur le prix de remboursement ». Cela provoque un « retard à la mise à disposition effective » des vaccins dirigés contre le VRS pour les personnes âgées, « notamment celles séjournant en structures de soins et en hébergement collectif ».
Frustration
« C’est frustrant de savoir que ces vaccins sont disponibles mais de ne pas pouvoir les utiliser pour protéger les personnes les plus fragiles », alors que ces injections ont « des impacts directs pour les patients, en évitant les hospitalisations, et des impacts organisationnels, sur la surcharge de système de santé », a insisté le Pr Paul Loubet, infectiologue au CHU de Nîmes et co-coordinateur du groupe « Vaccination prévention » à la Spilf. « Ce sont probablement des milliers de formes graves, hospitalisations et décès qui auraient pu ainsi être évités », martèlent les sociétés savantes.
Une efficacité démontrée
De récentes études ont en effet confirmé l’efficacité de la vaccination contre le VRS chez les personnes âgées. Comme une étude américaine publiée en février 2025, qui a estimé que l’efficacité de la vaccination chez les personnes de 60 ans variait de 78,1 % pour prévenir l’infection à 80,3 % pour prévenir l’hospitalisation associée au virus, au cours de la première saison de vaccination.
Une autre, publiée en décembre 2024, a aussi montré que la vaccination avec Abrysvo avait diminué le risque de maladie due au VRS et nécessitant une hospitalisation ou une consultation aux urgences chez les adultes de 60 ans et plus, avec une efficacité vaccinale estimée à 90 % pendant la saison 2023-2024.
Et une étude danoise qui a été présentée au congrès de l’European society of clinical microbiology and infectious disease (ESCMID) a montré un risque de décès presque triplé chez les adultes un an après une infection à VRS.
Autant d’études qui justifient pleinement de vacciner les personnes les plus fragiles, même si dans la balance bénéfice-risque le critère économique rentre bien-sûr en ligne de compte.