Donner son plasma, mode d’emploi

Donner son plasma, mode d’emploi
Complémentaire du don du sang, le don de plasma permet la préparation de certains médicaments biologiques. Pourquoi et comment participer ?

Le don du sang est une pratique dont chacun est conscient de l’utilité. Mais qu’en est-il du don de plasma ? Ce dernier « est encore largement méconnu du grand public, comme de nos donneurs » souligne Cathy Bliem, directrice générale de la chaîne transfusionnelle, thérapies et développement à l’Établissement français du sang (EFS). « Par exemple, selon l’Observatoire de l’expérience donneurs de 2022, seuls 28 % des donneurs savent que le plasma est utilisé pour la fabrication de médicaments. » L’établissement français du sang a donc décidé de mieux faire connaitre cette action dans le cadre d’une campagne de communication positive autour de l’accroche : « C’est prouvé, le don de plasma rend meilleur. »

Qu’est-ce que le plasma ?

Le plasma est la partie liquide du sang dans laquelle baignent les cellules sanguines, c’est-à-dire les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes. Il contient notamment de l’albumine, des facteurs de coagulation et des anticorps qui ont un très grand intérêt thérapeutique. Il est possible de le prélever facilement, et de l’utiliser comme un médicament.

Quel est l’intérêt du plasma ?

Le plasma prélevé peut être utilisé pour procéder à des transfusions mais également être confié au laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB) afin de produire de nombreux médicaments à partir de protéines issues de ce précieux liquide biologique. C’est ainsi que sont par exemple isolées les immunoglobulines, c’est à dire les anticorps.

Qui peut en bénéficier ?

Les patients à qui seront administrés du plasma ou des produits issus de sa transformation sont notamment des personnes en réanimation ou ayant subi des hémorragies graves. Il peut également s’agir de patients nécessitant des échanges plasmatiques, c’est-à-dire le remplacement total de tout leur plasma pour éliminer des agents toxiques, dans le cas de maladies du rein, du sang ou du système neurologique. D’autres patients atteints de maladies chroniques tels que des déficits immunitaires primitifs ont des besoins très fréquents nécessitant l’administration d’immunoglobulines toutes les 2 ou 3 semaines.

Qui peut donner et comment ?

Pour donner son plasma, il faut être en bonne santé, avoir plus de 18 ans et moins de 65 ans et respecter 2 semaines entre deux dons de plasma ou un don de plasma et tout autre don (sang total ou plaquettes). Ce type de don s’effectue exclusivement dans les Maisons du don. Pour prendre rendez-vous, on peut consulter le site de l’EFS ou encore l’application « Don de sang ».

Lors d’un don de plasma, seul le plasma du sang du donneur est extrait. Cela signifie que les globules rouges lui sont restitués. Cette méthode dite « par aphérèse » permet de collecter deux à trois fois plus de plasma que lors d’un don de sang. Le prélèvement dure entre 45 et 60 minutes, auquel il faut ajouter 20 minutes de repos avec prise d’une collation dans l’établissement.

A savoir : le don de plasma est moins fatiguant qu’un don de sang car les globules rouges présents dans votre sang vous sont restitués au cours du prélèvement. Or ce sont ces cellules qui sont les plus longues à fabriquer par l’organisme. De plus, puisque le plasma est composé en large majorité d’eau (à 90 %), il se régénère très vite à condition de boire autant que de besoin avant et bien-sûr après le don.

Par ailleurs, si vous êtes vacciné contre l’hépatite B ou le tétanos, vous avez développé des anticorps protecteurs contre ces maladies… et votre don sera particulièrement intéressant pour soigner des malades ! En effet, votre plasma permettra de fabriquer les médicaments utilisés pour le traitement préventif des personnes exposées au tétanos ou à l’hépatite B (les nouveau-nés dont la mère est porteuse du virus, les patients hémodialysés, ceux greffés du foie...). 

Un enjeu de souveraineté sanitaire

Si l’EFS a choisi de faire mieux connaître le don de plasma, c’est que ce sujet est important à plusieurs égards. Evidemment, le développement de ce type de don est essentiel pour maintenir une prise en charge adéquate des patients qui ont un besoin vital de médicaments dérivés du sang. Mais il est également question de souveraineté nationale. Comme l’explique l’EFS, « les réserves de certains médicaments dérivés du plasma, comme les immunoglobulines, sont en effet en partie importées et connaissent une forte tension internationale. On estime à 65 % la part du plasma importée, majoritairement des Etats-Unis ». Accroître les capacités nationales de collecte de plasma permettrait de réduire, à terme, une situation de dépendance au marché étranger, pour sécuriser la prise en charge des patients français.

Ainsi l’objectif affiché de l’EFS est-il de prélever 1,4 million de litres en 5 ans, soit 700 000 prélèvements par aphérèse en plus, par rapport aux prélèvements actuels.

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