C’est une énième campagne que les Français ont vu éclore tant à la télévision que sur les réseaux sociaux à partir du 21 avril 2025. Une nouvelle fois, l’enseigne Leclerc fait mine de s’étonner de ne toujours pas être autorisée à vendre des médicaments ne nécessitant pas d’ordonnance. Se servant du paracétamol comme fer de lance de son argumentaire, elle sous-entend non seulement qu’il s’agit d’un bien de consommation courante mais aussi que cette interdiction empêche les usagers de bénéficier de « prix Leclerc », sous-entendu « moins cher qu'ailleurs ».
Fatigué de répondre à ces attaques incessantes de Leclerc sur le monopole officinal, la FSPF (principal syndicat de pharmaciens) rappelle que ces campagnes ont lieu tous les six mois depuis… 68 ans ! La précédente campagne du groupe d’hypermarchés date d’ailleurs seulement du mois de novembre précédent. Et si les médicaments sont exclusivement détenus par les pharmaciens, gardiens des poisons, c’est bien pour des raisons de santé publique. Car non, un médicament, même quand il ne nécessite pas de prescription rédigée par un médecin, n’est pas un produit comme les autres.
Hausse des intoxications et des greffes
Pour reprendre l’exemple du paracétamol si cher à Leclerc, son surdosage peut entraîner de façon démontrée « des dommages graves et irréversibles au foie », c’est même « la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse en France », rappelle l’agence française du médicament (ANSM).
L'observation de la situation dans d'autres pays permet de se projeter. Ainsi, en 2009, la Suède a autorisé la vente de paracétamol dans les supermarchés pour faciliter son accès dans un pays où le nombre d’officines par habitant est parmi les plus faibles d’Europe (13 pour 100000 habitants). Une mesure qui s’est soldée par une hausse des intoxications de 40 %, poussant le gouvernement à revenir à la réglementation initiale en 2015 « pour protéger la santé publique », a indiqué l’agence suédoise du médicament.
Ni économies ni meilleur accès attendus
Sur l'aspect financier, qu'en est-il ? L'observation, là encore, de la situation dans d'autres pays est utile. Les tarifs des médicaments accessibles sans ordonnance dans notre pays figurent, en réalité, parmi les plus bas d’Europe.
Enfin, les 660 hypermarchés Leclerc, qui abritent au total 300 parapharmacies sous cette enseigne, ne peuvent rivaliser en termes de maillage territorial face aux 20500 pharmacies réparties sur l'ensemble du territoire français, ce qui représente 30 officines pour 100000 habitants. Celles-ci sont ouvertes tous les jours de la semaine, participent aux gardes et astreintes durant la nuit, le week-end et les jours fériés pour répondre aux besoins urgents en médicaments de la population, qu'il s'agisse de paracétamol ou de l'ensemble des molécules dont les patients peuvent avoir besoin.