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Faut-il vacciner son bébé contre la gastro-entérite ?

Faut-il vacciner son bébé contre la gastro-entérit
La Haute Autorité de santé est favorable à la vaccination des nourrissons contre les infections à rotavirus, responsables de la majorité des gastro-entérites.

Bien que bénignes dans la plupart des cas, les gastro-entérites peuvent parfois entraîner une déshydratation aiguë dangereuse et nécessiter une hospitalisation pour y remédier. Chaque hiver en France, la « gastro » aiguë due au rotavirus est responsable d’environ 57 000 consultations en médecine générale, 28 000 passages aux urgences et 20 000 hospitalisations. Les patients les plus touchés par les formes graves de la maladie sont les enfants de moins de trois ans, avec une fréquence encore plus importante chez les moins d’un an.

Solutés de réhydratation pour éviter les formes sévères

Les symptômes de la gastro-entérite sont de la fièvre, de la diarrhée et des vomissements. D’où les risques qui se concentrent sur les jeunes enfants qui se déshydratent plus facilement. A la maison, le traitement de la gastro pour le bébé repose sur l’administration de solutés de réhydratation (SHA), disponibles en pharmacie. Administrés rapidement, ils peuvent prévenir en partie une évolution vers les formes sévères.

La vaccination largement recommandée dans le monde

Mais en l’absence d’autres traitements, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Académie européenne de pédiatrie et la Société européenne des maladies infectieuses pédiatriques recommandent la vaccination contre les infections à rotavirus, couramment pratiquée dans 127 pays.

Un faux départ en France !

En France, la vaccination contre la « gastro » a même été introduite dans le calendrier vaccinal en 2013 par le Haut Conseil de santé publique, « mais elle a été suspendue en 2015 après la survenue d’effets indésirables graves », rappelle la HAS, qui s’était donc donné pour tâche depuis de réévaluer les deux vaccins disponibles. C’est chose faite avec cet avis sur les deux vaccins oraux disponibles, Rotarix et RotaTeq.

Des vaccins efficaces et rassurants selon la HAS

« L’analyse des données d’efficacité en vie réelle disponibles confirme la très bonne efficacité de ces deux vaccins auxquels la HAS a attribué un service médical rendu (SMR) important. Leur action permet de prévenir ces infections mais aussi les formes graves de gastro-entérite, qui peuvent entraîner un passage aux urgences et/ou une hospitalisation », juge la HAS dans son avis du 12 juillet. En effet, dans les pays ayant atteint une couverture vaccinale de 80 % chez les nourrissons, la réduction des hospitalisations est importante, et varie entre 65 et 84 %. Quant aux données de sécurité ? « Aucun nouveau signal n’a été mis en évidence depuis 2014 au niveau mondial. Le surrisque d’invagination intestinale aiguë (IIA) est estimé jusqu’à 6 cas pour 100 000 enfants dans les 7 jours suivant la vaccination », tranche la HAS qui précise qu’une échographie permet un diagnostic précoce des IAA et une intervention rapide. Or, « lorsqu’elle est prise en charge à temps, l’invagination intestinale se traite facilement et sans gravité ».

« Une information systématique des parents » recommandée

La HAS recommande d’informer systématiquement les parents sur ce risque d’IAA et surtout de les sensibiliser aux signes cliniques évocateurs à surveiller durant 7 jours après la vaccination : pleurs inhabituels, refus de s’alimenter et de boire, vomissements, pâleur, hypotonie, sang dans les selles.

Quand vacciner les nourrissons ?

La HAS recommande de vacciner tous les nourrissons de 6 semaines à 6 mois, avec 2 doses à 2 et 3 mois de vie avec Rotarix, et 3 doses à 2, 3 et 4 mois de vie avec RotaTeq. La HAS souligne l’importance de respecter strictement ce calendrier afin de pouvoir terminer le schéma avant l’âge limite, de 6 mois pour Rotarix et 8 mois pour RotaTeq. Ces vaccins oraux peuvent être coadministrés sans problèmes avec les autres vaccins du calendrier, mais il est important de réaliser le schéma vaccinal complet contre le rotavirus avec le même vaccin, estime la HAS.

Respecter tout de même les gestes de prévention

L’Autorité rappelle que ces deux vaccins protègent contre les gastro-entérites aiguës à rotavirus (les plus nombreuses) mais pas contre celles dues à d’autres virus, à des bactéries ou des parasites. D’où l’importance de continuer à respecter les règles de prévention et d’hygiène comme le lavage des mains et des surfaces, et aussi le fait de favoriser l’allaitement maternel et de prendre en charge au plus vite les symptômes en administrant un soluté de réhydratation qui s’avère souvent efficace pour éviter les formes sévères de déshydratation chez le nourrisson.

Obligatoire ?

La HAS recommande cette vaccination mais estime toutefois « prématuré » d’envisager de la rendre obligatoire. Elle recommande « la mise en place d’actions spécifiques de sensibilisation auprès des médecins généralistes », et bien sûr aussi des pédiatres, « afin d’obtenir rapidement des taux de couverture vaccinale satisfaisants et d’optimiser l’efficacité de la vaccination ». Il reviendra bien sûr au ministère de la Santé de statuer sur la manière dont cette vaccination s’intégrera dans le calendrier vaccinal des bébés.

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