Grossesse : attention au cytomégalovirus

Illustration - Grossesse :  attention au cytomégal
Alors qu’elle est bénigne en temps habituel, l’infection par le cytomégalovirus, alias CMV, peut, chez la femme enceinte, provoquer des malformations du bébé à naître.

Savez-vous ce qu’est le CMV et comment vous en protéger ? Il y a fort à parier que non : seuls 15 à 40 % des femmes ont entendu parler de ce cytomégalovirus ou CMV, selon le Haut Conseil de la Santé publique. Pourtant, près de la moitié des françaises en âge d’avoir des enfants ont été infectées au moins une fois par ce virus au cours de leur vie. Cette infection est souvent sans symptôme et sans gravité chez l’enfant ou l’adulte non immunodéprimé, ce qui explique qu’elle passe le plus souvent inaperçue. Lorsqu’ils existent, ces symptômes ressemblent à ceux d’un rhume, avec fièvre et fatigue notamment.

Le CMV à haut risque durant la grossesse

Chez la femme enceinte, la situation est beaucoup plus critique que pour la population générale. En effet, il y a un risque de transmission materno-fœtale, c’est-à-dire de transmission de la femme enceinte au fœtus.

Si le fœtus est contaminé, le cytomégalovirus peut provoquer des malformations chez le bébé à naître, entraîner une naissance prématurée voire une fausse couche. Les anomalies du développement peuvent être décelées par des examens au cours de la grossesse (échographie, IRM…) ou n’être découverts qu’à la naissance. Il n’existe pas de dépistage organisé de ce type d’infection.

Chaque année, ce sont dans notre pays 40 à 50 enfants qui naissent avec de graves séquelles (déficience intellectuelle sévère, trouble moteur, surdité bilatérale sévère ou profonde, cécité) suite à une contamination de leur mère par le CMV durant la grossesse. Et ce sont 400 à 500 enfants de plus qui présentent des séquelles modérées, comme une surdité moyenne, légère ou unilatérale, ou des troubles visuels. Il faut savoir également que lorsqu’ils naissent sans séquelles, les enfants dont la mère a contracté le CMV durant la grossesse risquent tout de même de développer une surdité avant l’âge de 5 ans.

A l’heure actuelle, aucun médicament n’a d’autorisation de mise sur le marché pour le traitement de l’infection à CMV en prénatal ni chez le nouveau-né dépourvu de symptômes. Il n’existe pas de vaccin contre le CMV.

La prévention, arme efficace contre le CMV

Pour limiter les infections par le CMV des femmes enceintes, la mise en place de mesures d’hygiènes assez strictes est efficace : elles devraient être mieux connues de tous puisqu’elles constituent le seul moyen de lutter contre ce virus.

Le CMV se trouve dans les larmes, les urines et la salive d’une personne infectée (notamment des enfants) ainsi que dans le lait maternel, les secrétions vaginales et le sperme (ce qui explique que cette infection soit également sexuellement transmissible). D’après différentes études, 44 à 100 % des enfants d’1 à 2 ans excrètent du virus dans leurs larmes ou leurs urines. La proximité avec les enfants en bas-âge est le principal facteur de risque dans la contamination par le CMV : les assistantes maternelles, le personnel de crèche et les parents d’enfants de cette tranche d’âge sont donc les personnes les plus exposées au virus.

Voici les règles d’hygiène que devraient appliquer chaque femme enceinte et son conjoint pour limiter le risque de contamination par le CMV :

  • Concernant la salive : ne pas goûter dans l’assiette du petit ni terminer son gâteau, ne pas utiliser les mêmes couverts ou le même verre que lui, ne pas sucer sa sucette ni l’embrasser sur la bouche.
  • Concernant les larmes : ne pas embrasser un petit qui pleure sur les joues mais préférer lui faire un câlin, l’embrasser sur le front ou les cheveux.
  • Concernant les secrétions nasales : ne pas embrasser sur les joues un petit très enrhumé. Faire très attention à utiliser un mouchebébé garni de protections, le nettoyer efficacement ensuite. Se laver les mains après avoir mouché un enfant ou utiliser un gel hydro-alcoolique.
  • Concernant l’urine : éviter de toucher un pyjama ou des draps mouillés d’urine directement avec les mains. Bien se laver les mains après avoir touché les changes ou avoir accompagné l’enfant aux toilettes.

La survie du virus peut être de 6 heures : après avoir manipulé des jouets, des vêtements ou des aliments que l’enfant aura touchés, se laver les mains soigneusement.

D’après des études, l’application de ces mesures d’hygiène divise par deux le nombre de contamination par le CMV d’adultes s’occupant d’enfants, qu’il s’agisse de leur métier ou en famille. Ce moyen de prévention est au cœur de la lutte contre le cytomégalovirus.

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