Haemophilus influenzae de type B, également appelé Hib, est une bactérie très fréquemment rencontrée chez l’humain : on la trouve naturellement au niveau du nez et de la gorge ainsi que dans les oreilles. Lorsqu’elle provoque des infections (ce n’est pas systématique), il s’agit majoritairement d’otites ou de sinusites. Mais dans quelques rares cas, elle est responsable d’infections dites invasives : par exemple, en passant dans le liquide et les membranes (méninges) qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière, elle peut provoquer des méningites en particulier chez le nourrisson et le jeune enfant. Ces infections invasives ont un pronostic très grave : elles peuvent entraîner le décès du patient contaminé ou lui laisser des séquelles importantes telles qu’un trouble de l’ouïe, de la vue, de la parole, de la croissance, des troubles moteurs, un retard mental…
Au cœur de l’été, Santé publique France a relayé sur son site internet une étude publiée ses chercheurs et ceux de l’Institut Pasteur dans la revue Vaccine le 18 juillet 2025. Celle-ci se penche sur les cas d’infections invasives à Haemophilus influenzae de type B (Hib) chez les enfants de moins de 5 ans en France métropolitaine entre 2018 et 2024. Elle montre que les cas d’infections invasives à Hib sont en hausse depuis 2018 chez les nourrissons et jeunes enfants de moins de 5 ans dans notre pays.
Une vaccination qui a fait reculer la maladie
Cette recrudescence de cas survient dans une population pourtant bien vaccinée, puisque la couverture vaccinale de cette classe d’âge contre le Hib dépasse les 95 %. En effet, la vaccination contre le Hib a été introduite dans le calendrier vaccinal du nourrisson en France en 1993. Elle figure d’ailleurs actuellement parmi les 11 vaccins qui doivent obligatoirement être administrés chez les nourrissons nés à compter de 2018.
Le déploiement de cette immunisation a conduit à deux décennies durant lesquelles le nombre de cas de cette maladie a été très fortement diminué dans tous les pays où elle a été proposée. En France, le vaccin a permis une réduction de moitié des infections invasives chez les enfants de moins de 5 ans, avec en particulier une diminution de 96 % des méningites entre 1991 et 2009.
Des cas plus nombreux ces dernières années
Selon l’étude, le nombre de cas est passé de 13 en 2018 à un pic de 46 en 2021. Puis la situation a tendu à se stabiliser sur la période 2022-2024, avec environ 30 cas par an. La hausse observée touche toutes les tranches d’âge mais plus particulièrement les nourrissons de 6 à 11 mois ainsi que, dans une moindre mesure, les enfants âgés de 2 ans. Parmi les 181 cas recensés au total sur la période, l’âge médian des petits patients concernés était de 10 mois, et au total sur la période 2018-2024, 4 bébés sont décédés (soit un taux de mortalité de 2,2 %).
Des raisons « incertaines » derrière cette hausse
Du point de vue de leur situation vaccinale, les données relevées par l’étude montrent que 77 % des 6-11 mois concernés étaient correctement vaccinés avec 2 doses. Et que chez les 12 mois et plus, 68 % avaient bien reçu leurs 3 doses.
Un échec vaccinal, qui se définit par une infection invasive à Hib en dépit de la réalisation de 3 doses de vaccin, a été constaté chez 44 des 65 enfants de 12 mois et plus pour lesquels l’information était connue. Les chercheurs ont en outre calculé que l’efficacité vaccinale après 3 doses était de 91,2 % chez les 2-4 ans, ce qui n’oriente pas vers l’hypothèse d’une perte d’immunité.
Les raisons de cette recrudescence des infections invasives à Hib restent pour le moment « incertaines » : les chercheurs appellent à mener d’autres études sur l’efficacité vaccinale après les 2 premières doses, ainsi qu’à évaluer l’impact de la vaccination sur le portage vaccinal. L’importance de vacciner les nourrissons et jeunes enfants demeure plus que jamais essentielle pour protéger au maximum chacun des infections invasives à Hib.