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Il faut poursuivre les efforts contre les papillomavirus

Il faut poursuivre les efforts contre les papillom
Même si l’élargissement de la protection anti-HPV chez les adolescents est rassurant, la Ligue contre le cancer rappelle que celle-ci reste insuffisante.

Lorsqu’il a rendu public le calendrier vaccinal 2024, le 26 avril lors de la Semaine européenne de la vaccination, le ministère de la Santé a également communiqué sur les tous derniers chiffres de la vaccination HPV des adolescents en France. Et c’est une bonne nouvelle qui a été mise en avant par les pouvoirs publics, se félicitant d’une « augmentation de la vaccination HPV » consécutive à la campagne d’immunisation des filles comme des garçons en classe de 5e lancée à l’automne 2023.

La couverture vaccinale s’est étendue chez les adolescents

Dans quelle proportion cette prévention des infections par les papillomavirus s’est-elle accrue ? Chez les adolescents de 12 ans, ceux directement concernés par la campagne vaccinale au collège, les estimations de couverture vaccinale contre les infections à papillomavirus humains (HPV) progressent de 17 points fin 2023 par rapport à fin 2022, atteignant 55 % pour les filles et 41 % pour les garçons (48 % en moyenne). Et chez les jeunes à partir de 15 ans, la couverture vaccinale est en 2023 de 55 % pour une dose chez les filles de 15 ans (vs. 48 % en 2022), et de 45 % pour le schéma complet chez les filles de 16 ans (vs. 41 % l’année précédente).

 

Les filles loin devant les garçons

Bien évidemment, les filles, pour lesquelles la vaccination HPV est recommandée depuis 2007, sont largement en avance sur les garçons qui n’ont été ciblés par cette recommandation qu’il y a 3 ans. Mais la couverture a quasiment doublé chez ces derniers en un an. Elle a crû de 13 points pour la première dose à 15 ans, passant de 13 % en 2022 à 26 % en 2023. Quant à la couverture vaccinale à 2 doses des jeunes garçons de 16 ans, elle est passée de 8,5 % en 2022 à 16 % en 2023.

 

Des progrès encore largement insuffisants

Même si ces efforts sont louables, ils ne sont pas encore suffisants. La Ligue contre le cancer va d’ailleurs lancer un nouveau temps fort, Juin vert, pour sensibiliser au dépistage du cancer du col de l’utérus, l’un des cancers les plus courants qui sont causés par les papillomavirus. Dans un communiqué datant du 19 avril, juste avant la semaine européenne de la vaccination, la Ligue martelait un autre chiffre, celui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui préconise une couverture vaccinale à 90 % contre les infections HPV pour espérer éradiquer les cancers liés à ces virus. Or, la protection en France est encore largement insuffisante pour obtenir cet effet massif, même si un bond en avant vient d’être effectué ces 12 derniers mois. Pour espérer obtenir une réduction significative des infections, comme cela a été observé dans des pays comme l’Australie ou la Suède, les efforts doivent donc être poursuivis sans relâche. C’est dans cette optique que la Ligue prévoit aussi une prise de parole, à la veille de la rentrée de septembre 2024, afin de soutenir la campagne qui visera les nouveaux élèves de 5e. L’objectif ? Informer les adolescents et leurs parents des risques liés aux papillomavirus et des bénéfices de la vaccination, seule protection réellement efficace contre les cancers liés aux HPV.

 

Derrière des chiffres, la réalité des maladies

Un autre chiffre encore ne doit surtout pas être oublié : 6300 cancers liés aux HPV sont diagnostiqués chaque année chez les hommes et les femmes en France, et 1100 femmes en meurent encore malheureusement tous les ans. Ces virus sont en effet très répandus, puisqu’en moyenne 80 % des individus, 8 sur 10, sont infectés par un papillomavirus au cours de leur vie. Heureusement, dans 90 % des cas, l’infection demeure asymptomatique et se résorbe naturellement dans les 2 ans suivant la contamination. Mais dans 10 % des cas, malheureusement, l’infection persiste et peut éventuellement conduire, des années plus tard, à des lésions précancéreuses dans différentes parties du corps. Ce lésions régressent parfois spontanément, mais dans certains cas elles évoluent et sont à l’origine de différents types de cancers. Parmi eux, on compte, chez les femmes, les cancers du col de l’utérus (3000 cas par an en France), ceux de l’anus (1100 cas), de l’oropharynx, de la cavité orale et du larynx (360 cas) et les cancers de la vulve et du vagin (200 cas). Chez les hommes, les infections HPV sont responsables tous les ans de 1180 cas de cancers de l’oropharynx, de la cavité orale et du larynx, de 360 cas de cancers de l’anus et de plus de 100 cas de cancers du pénis. Au total, prés d’un quart des cancers liés au HPV sont donc masculins, justifiant totalement que la vaccination soit désormais recommandée pour toutes les jeunes filles et les jeunes garçons âgés de 11 à 14 ans, avec 2 doses de Gardasil 9, et une 3e dose entre 15 et 19 ans si le schéma complet à 2 doses avant 15 ans n’a pas été effectué. A noter que la vaccination est également recommandée chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) jusqu’à 26 ans révolus. Et rappelons enfin que les pharmaciens comptent désormais parmi les effecteurs majeurs pour cette vaccination qu’ils peuvent prescrire et administrer dès l’âge de 11 ans.

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