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Important rebond des méningites

Important rebond post-Covid des méningites

Par Studio Romantic

L’Institut Pasteur alerte sur un « important rebond post-Covid » des cas de méningites à méningocoques en France.

La France connaît une augmentation du nombre de méningites à méningocoques, selon des scientifiques de l’Institut Pasteur qui ont retracé l’évolution des cas entre 2015 et 2022.

Qu’est-ce que la méningite à méningocoque ?

Cette maladie est une infection des membranes enveloppant le cerveau et la moelle épinière. Lorsqu’elle est causée par des bactéries (elle peut aussi être provoquée par des virus voire des champignons microscopiques), elle est potentiellement mortelle et nécessite en tous cas des soins très attentifs. Selon l’âge des patients, différentes souches de bactéries sont à l’origine des hospitalisations : streptocoques du groupe B, Escherichia coli, Listeria monocytogenes, Haemophilus influenzae, Streptococcus pneumoniae (on parle de pneumocoque) ou Neisseria meningitidis (appelé méningocoque). Parmi les méningocoques, on trouve douze sous-espèces (ou sérogroupes) dont les dénommés A, B, C, W, X et Y sont à l’origine de la quasi-totalité des cas d’infections invasives (c’est-à-dire qui se propagent à plusieurs organes voire à l’ensemble de l’organisme).

La méningite à méningocoque survient généralement dans la première enfance c’est-à-dire chez les moins d'un an et chez l’adolescent et l'adulte jeune (entre 16 et 24 ans)

Les données des chercheurs, publiés dans le Journal of Infection and Public Health le 12 octobre, révèlent qu’après une chute des contaminations de 75 % en 2020 et 2021 - liée aux mesures sanitaires -,  « la méningite à méningocoque a connu un rebond sans précédent à l’automne 2022, avec aujourd’hui, à l’automne 2023, un nombre de cas supérieurs à la période qui a précédé la pandémie de Covid-19 ». Pour être précis, 421 cas ont été répertoriés entre janvier et septembre 2023, soit une hausse de 36 % alors que le pic hivernal n’a même pas eu lieu, contre 298 cas entre janvier et septembre 2019, et… 53 cas entre janvier et septembre 2021.

Deux hypothèses possibles

Pendant la pandémie, deux hypothèses avaient émergé : « La première consistait à dire que cet effet positif perdurerait, et que le méningocoque s’arrêterait de circuler sur le long terme. La seconde allait dans le sens d’une reprise rapide de l’activité des bactéries face à une population naïve [c’est-à-dire dont le système immunitaire n’a pas été mis au contact de ces dernières depuis longtemps] », retrace Muhamed Kheir Taha, co-auteur de l’étude. D’où l’idée de mener cette vaste enquête. C’est malheureusement la seconde hypothèse qui a prévalu. Avec parmi les facteurs explicatifs de ce fort rebond, « une diminution de l’immunité générale suite à la diminution de la circulation des souches, mais aussi la baisse de la vaccination, qui a chuté de 20 % pour la vaccination contre le méningocoque C lors du premier confinement par exemple », analyse Samy Taha de l’Institut Pasteur.

Surtout des méningocoques W et Y

Il apparaît que les nouveaux cas déclarés sont majoritairement liés à des sérogroupes de méningocoques, W et Y, qui étaient « moins fréquents avant la pandémie », et qu’ils concernent désormais davantage les 16-24 ans.

Vers une adaptation de la stratégie vaccinale ?

L’Institut Pasteur fait savoir que dans un contexte où « il n’existe pas encore de recommandations de vaccination en population générale contre les groupes Y et W », les chercheurs sont « en lien » avec la Haute Autorité de santé (HAS) pour « contribuer à adapter la stratégie vaccinale à venir ». En effet, il existe un vaccin tétravalent ciblant les méningocoques de groupe A, C, Y et W, mais il est actuellement prescrit aux personnes envisageant des voyages à l’étranger et non pas recommandé en routine. D’autant que la recrudescence de la méningite « pourrait bien s’amplifier dans les mois à venir avec l’épidémie de grippe saisonnière », prévient l’Institut Pasteur. En effet, « le virus de la grippe crée un contexte favorable au développement des bactéries » puisque les personnes malades de la grippe sont plus fragiles transitoirement et qu’une surinfection, notamment par des méningocoques, est toujours possible.

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