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L’antibiorésistance, mal connue des Français

L’antibiorésistance, mal connue des Français
Une étude Harris Interactive pour Pfizer se penche sur les pratiques et les connaissances des Français en matière d’antibiotiques en 2022.

Trois ans après une première étude sur le même thème menée par l’IFOP pour Pfizer en septembre 2019, la nouvelle étude Harris pour le même laboratoire publiée fin juin 2022 révèle que si une majorité de Français a entendu parler de l’antibiorésistance, leur nombre est cependant passé de 65 % en 2019 à 58 % aujourd’hui. Cette problématique est pourtant au cœur de l’actualité car elle représente un réel problème de santé publique.

L’antibiorésistance en détail

L’antibiorésistance consiste, pour une bactérie, à développer des mécanismes de défense pour échapper à l’action des antibiotiques, médicaments qui sont précisément là pour tuer les organismes pathogènes. L’antibiorésistance ne cesse de prendre de l’ampleur depuis plusieurs décennies, plaçant de plus en plus de patients dans des situations d’impasse thérapeutique : ces personnes sont contaminées par des bactéries contre lesquelles aucun antibiotique n’est efficace. On parle de « souches multi-résistantes ».

Le constat est plutôt dramatique car, chaque année en France, ce sont plus de 120 000 personnes qui sont touchées par des infections causées par ces bactéries particulières, et 5 500 décès sont à déplorer. Ce chiffre s’élève à 33 000 au niveau européen. Or cette antibiorésistance est favorisée par le mauvais usage des antibiotiques dans la population générale, ainsi qu’au niveau vétérinaire. Elle entraîne un coût humain terrible, mais aussi un fardeau financier très lourd pour les économies des pays puisqu’elle génère chaque année 1,5 milliard de surcoût pour les services de santé européens.

Mauvaise connaissance… mais bonne volonté

Bonne nouvelle toutefois, une fois sensibilisés au phénomène de l’antibiorésistance et informés de ses implications, les Français sont 84 % à trouver le sujet « préoccupant » et 63 % à se déclarer prêts à raisonner leur consommation d’antibiotiques pour participer à la lutte contre le fléau de la résistance aux antibiotiques, alors qu’ils n’étaient encore que 33 % avec ces louables intentions en 2019.

Des pratiques inquiétantes, surtout chez les jeunes

Le rôle des professionnels de santé - médecins, pharmaciens, autorités sanitaires, entreprises de santé, acteurs publics et privés – dans la lutte contre l’antibiorésistance est donc crucial depuis plusieurs années. La présente étude est d’ailleurs menée par Pfizer qui, comme de nombreux autres laboratoires, participe à promouvoir le bon usage des médicaments, et notamment celui des antibiotiques.

Un travail d’envergure, au vu des résultats de cette enquête, puisqu’elle révèle que 69 % des Français conservent systématiquement des antibiotiques non utilisés dans leur armoire à pharmacie, et que ce taux grimpe même à 84 % chez les 25-34 ans. Et si la part des Français prenant des antibiotiques sans prescription (alors que toutes ces molécules sont accessibles uniquement sur ordonnance) pour traiter une nouvelle infection est quand même en baisse (45 % vs. 57 % en 2019), elle a légèrement augmenté chez les 25-34 ans, pour atteindre 62 %.

Automédication dangereuse

Un Français sur trois a déjà utilisé d’anciens antibiotiques de son armoire à pharmacie pour traiter une personne de son entourage sans prescription médicale, proportion qui monte à un sur deux chez les 18-34 ans. Un chiffre édifiant !

L’étude renseigne également sur le fait que 41 % des Français prennent leur traitement antibiotique sur une durée inférieure à celle prescrite par le médecin, ce taux atteignant 69 % chez les 18-24 ans. Le fait de ne pas poursuivre assez longtemps son traitement est problématique car cela peut mener à la sélection des bactéries les plus résistantes et favoriser leur émergence.

Et enfin, signe flagrant d’une méconnaissance encore profonde du mode d’action des antibiotiques et de leurs indications, près d’une personne sur deux associe l’usage des antibiotiques (utiles pour lutter contre une infection bactérienne) à la grippe (qui est une infection virale). Or, les antibiotiques sont sans effet sur les virus, donc cette pratique est non seulement inutile mais néfaste car contribuant à une consommation inadéquate de ces molécules. Et c’est chez les jeunes que le travail d’information et de prévention qui reste à faire est le plus important, puisqu’ils sont 66 % (donc deux sur trois !) à penser qu’une prise d’antibiotiques peut s’avérer nécessaire pour traiter un épisode grippal.

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