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L’OMS appelle à mieux considérer la santé menstruelle

L’OMS appelle à mieux considérer la santé menstrue

Par Drobot Dean

Les règles des femmes devraient être traitées comme un sujet de santé et de droits humains, et non comme un simple problème d’hygiène.

Lors du 50e Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies (OHCHR) qui s’est tenu du 13 juin au 8 juillet 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis l’accent sur des rapports « faisant état du sentiment de honte et d’embarras ressenti par les filles et les femmes » de nombreux pays et insistant sur leurs difficultés à gérer leur hygiène menstruelle faute de moyens. Ils évoquent aussi des obstacles susceptibles d’entraver les droits de ces femmes « à l’éducation, au travail, à la non-discrimination, à l’accès à l’eau, à l’assainissement et enfin à la santé ».

Trois actions recommandées

L’OMS appelle la communauté internationale à travailler sur plusieurs axes :

- « Reconnaître et appréhender la menstruation comme un sujet de santé et non d’hygiène », en prenant en compte « les dimensions physiques, psychologiques et sociales du parcours de vie d’une femme, de la période précédant la ménarche (apparition des premiers règles) à celui de la ménopause » ;

- « Reconnaître que la santé menstruelle signifie que les filles et les femmes menstruées ont un accès à l’information et à l’éducation à ce sujet ». Cela doit leur permettre de prendre conscience de l’importance de l’accès à l’eau et à l’assainissement mais aussi de connaître les produits nécessaires à leur confort et leur hygiène. Elles doivent également être mieux informées du fait qu’elles ont le droit de vivre dans un environnement exempt de préjugés sur les règles, pour accéder sans honte au travail et aux activités sociales.

Lutter contre l’ignorance menstruelle

« Il faut mettre la lumière sur le manque d’informations et de recherche sur la santé menstruelle. Par exemple, il n’y a pas de consensus scientifique sur la définition d’un cycle menstruel normal et, concernant le syndrome prémenstruel, on ne connaît toujours pas les causes, alors qu’il affecte 8 % des femmes », a souligné la docteure Daniela Ribbeck, gynécologue à l’université du Chili à Santiago, fondatrice de l’école La Tribu qui propose le premier diplôme de santé menstruelle en espagnol.

Les gynécologues doivent être sensibilisés, et les généralistes aussi. « Il est important de savoir distinguer un cycle normal d’un cycle anormal, sinon certains processus pathologiques se manifestant par exemple par des règles douloureuses sont banalisés ou, à l’inverse, des processus qui s’avèrent normaux, comme l’apparition de règles irrégulières pendant l’adolescence, sont perçus comme pathologiques et pris en charge médicalement. »

Améliorer l’accès aux protections périodiques

Pour limiter le coût des protections périodiques, plusieurs états ont modifié leur législation. Ainsi, en 2018, la Colombie a supprimé la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour ces produits, suivie par Trinité-et-Tobago, la Jamaïque et le Mexique. Au Costa-Rica, elle a été récemment baissée à 1 % ; en France, elle est passée de 20 % à 5,5 % en 2015.

Toujours dans notre pays, en 2021, Frédérique Vidal, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a rendu les protections gratuites pour les étudiantes. Au Mexique, le vote d’une « loi pour une menstruation digne » a permis la distribution gratuite dans les écoles publiques, et des initiatives similaires ont suivi au Chili et au Guatemala. En Ecosse, elles sont devenues gratuites cet été - une première mondiale - grâce à l’entrée en vigueur d’une loi contre la précarité menstruelle.

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