La santé féminine version bouquins

La santé féminine version bouquins

Par Iuliia Sokolovska

La publication de livres dédiés à la santé féminine se développe, un signal positif pour un domaine qui a longtemps été négligé.

Parent pauvre de la médecine, la santé des femmes, et a fortiori leur santé sexuelle, mérite qu’on lui redonne plus de place. Que ce soit en détaillant les pathologies féminines, en analysant la façon dont des business men peu scrupuleux ont fait de la santé des femmes un marché, où en abordant la question du genre, trop souvent mise de côté par la recherche, ces trois ouvrages sont, à leur manière une pierre à l’édifice pour une meilleure prise en compte des femmes en santé.

 

La gynéco en pratique 

Tous les guides pratiques ne se valent pas. Celui-ci est rédigé par Olivier Marpeau, un gynécologue dont le compte @Mon.Gyneco connaît un franc succès sur les réseaux sociaux. Si la forme est conçue pour rendre le propos digeste, à grand renfort d’encadrés colorés, d’illustrations ou de mises en exergue, le fond de l’ouvrage est des plus sérieux. Sont notamment abordées en détail les questions relatives à la fertilité, la contraception, l’IVG, la ménopause, l’endométriose, le SOPK, les IST ou le cancer du sein. Le tout en évitant soigneusement l’écueil du paternalisme. Une réussite à saluer !

Mille questions à mon gynéco, Olivier Marpeau, Éditions Jouvence, 271 p., 19,95 €.

 

L’angle mort de la santé 

Pendant longtemps, pour protéger les femmes, la recherche médicale ne les a pas incluses dans ses essais cliniques, négligeant de ce fait les spécificités féminines de certaines pathologies. Cette situation a engendré un retard dans la connaissance de nombreuses maladies féminines (l’endométriose ou le fibrome utérin en sont emblématiques), voire un vide thérapeutique entraînant « parole ignorée, douleur sous-estimée, diagnostics erronés, traitements inadaptés et manque d’intérêt des laboratoires ». S’y sont engouffrés un certain nombre d’entrepreneurs, qui y ont vu un marché florissant à portée de main. Ont ainsi émergé applications en tous genres de suivi menstruel, traitements naturels pour une « ménopause sereine », cérémonies autour du « féminin sacré » et autres méthodes alternatives. Bâtie sur de nombreuses données chiffrées et le recueil de témoignages de patientes, de soignants et de chefs d’entreprise, cette enquête alerte sur l’importance de ne pas laisser n’importe qui s’emparer de la santé des femmes.

Les Négligées. Enquête au coeur du business de la santé des femmes, Solenne Le Hen et Marie-Morgane Le Moël, Harper Collins, 208 p., 19 €.

 

Un pavé dans la mare du genre ?

Comme les auteures de cet ouvrage l’écrivent, « les femmes ne sont pas des hommes miniatures ». Une évidence ? Pas pour tout le monde, particulièrement dans le domaine de la santé. Professeure émérite de génétique médicale, Claudine Junien est la spécialiste française de la médecine sexuée et des DLS, les différences liées au sexe. Elle prône une meilleure prise en compte des différences biologiques entre les hommes et les femmes pour affiner les traitements et, notamment, en limiter les effets indésirables. Alors que le sujet est régulièrement abordé dans les autres pays, il semble que la France fasse de la résistance, faute d’enseignement et de vulgarisation des résultats de recherche. Une ignorance coupable puisque ses conséquences ne sont pas négligeables si l’on considère par exemple que concernant le foie, grand organe du métabolisme, 70 % des gènes s’expriment différemment en fonction du sexe. Une variation supplémentaire de la pharmacocinétique dont il est clair que les prescriptions ne tiennent pas compte. Jusqu’à quand ?

C’est votre sexe qui fait la différence, Claudine Junien et Nicole Priollaud, Plon, 325 p., 21,90 €.

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