La vaccination à l’officine

La vaccination à l’officine
Plébiscitée par les patients, la vaccination est désormais une activité largement répandue en pharmacie. Quasiment tous les vaccins peuvent y être prescrits et administrés dans la foulée.

Depuis l’expérimentation de la vaccination grippe pendant les saisons hivernales 2017-2018 et 2018-2019, l’évolution est sensible, en partie portée par l’engagement sans faille des pharmaciens pendant la crise Covid. Assaillis de missions exceptionnelles pour faire face à une période tout aussi exceptionnelle, les pharmaciens ont conservé une grande partie d’entre elles, entrées « dans le droit commun » comme l’expliquent les autorités. Concernant la vaccination, après la généralisation de la vaccination grippe à l’hiver 2019-2020, la vaccination Covid s’est ajoutée aux missions de l’officine courant 2021, dès que les vaccins ont été disponibles en nombre suffisant.

Les autorités sont déjà favorables à un élargissement de la vaccination quand la Covid survient, reste à trouver les conditions et modalités de mise en œuvre en sortie de crise. C’est ainsi que les pharmaciens ont été autorisés d’abord à administrer, puis à prescrire, l’ensemble des vaccins répertoriés au calendrier vaccinal, ce document actualisé chaque année par la Haute Autorité de santé (HAS). Ils peuvent vacciner l’ensemble de la population dès 11 ans. Un âge préconisé pour qu’ils puissent participer à l’amélioration de la couverture vaccinale contre les papillomavirus humains (dite HPV).

Des professionnels formés

Les vaccins qui peuvent être prescrits et administrés par les pharmaciens sont les suivants : diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, papillomavirus (HPV), pneumocoque, grippe saisonnière, hépatites A et B, méningocoques ACWY et B, rage, Haemophilus Influenzae de type b, rougeole-oreillons-rubéole (ROR), BCG, varicelle, zona. Ils ne sont en revanche pas autorisés à prescrire des vaccins vivants atténués chez les personnes immunodéprimées. Dans ce cas, ils peuvent néanmoins administrer ce type de vaccins lorsque le patient se présente avec une prescription du médecin.

L’objectif de l’élargissement des compétences des pharmaciens est d’améliorer la couverture vaccinale française trop peu élevée en dehors des vaccins pédiatriques obligatoires. A titre d’exemple, le taux de vaccination contre la grippe des personnes de 65 ans et plus, premier groupe cible des campagnes chaque année, ne s’élève qu’à 54%. Pire, la couverture contre les infections à pneumocoque est inférieure à 20% pour ce même groupe d’âge. Seule progression notable : la vaccination des femmes enceintes contre la coqueluche. La couverture est en effet passée de 43,4% en 2023 à 62,3% l’année suivante, atteignant même 75% en décembre 2024.

Pour satisfaire à ces nouvelles missions, les pharmaciens ont dû suivre des formations obligatoires, non seulement au geste vaccinal, maîtrisé depuis la vaccination antigrippale, mais aussi aux pathologies concernées et au rappels spécifiques à chacune. Une formation très massivement suivie puisque ce sont près de 100% des officines qui proposent désormais toute vaccination à leurs patients.

Demain, la vaccination du voyageur ?

Par ailleurs, les pharmaciens peuvent franchir une marche de plus dans l’engagement pour la prévention vaccinale. Par exemple en intégrant les équipes de soignants qui se déplacent dans les collèges depuis deux ans déjà pour réaliser la vaccination contre les HPV des élèves de 5ème et, à partir de la rentrée 2025, contre les méningocoques ACWY. En outre, ils ont la possibilité, depuis octobre 2024, à leur demande et après autorisation de l’agence régionale de santé (ARS) dont ils dépendent, de participer à la vaccination réactive contre mpox.

La prochaine étape ? La vaccination du voyageur. C’est en tout cas une demande persistante de la profession pour pouvoir répondre aux besoins exprimés au comptoir, et qui fait l’objet d’une expérimentation à succès dans une officine de Narbonne (Aude) et dans plusieurs pharmacies de l’Ain. Il s’agit là encore de faciliter le parcours vaccinal en offrant ce service dans les 20000 pharmacies du territoire, service actuellement réservé en grande partie aux 200 centres de vaccination internationaux. Et aussi d’améliorer la cohérence dans les compétences. En effet, le vaccin contre l’hépatite A est recommandé chez les personnes à risque dans le calendrier vaccinal. A ce titre, le pharmacien peut le prescrire et l’injecter. En revanche, lorsque la demande pour ce vaccin est en lien avec un voyage à l’étranger, l’officine n’est pas autorisée à le prescrire ou l’administrer.

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