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Le cytomégalovirus sera désormais dépisté pendant la grossesse

Le cytomégalovirus sera désormais dépisté pendant

par RFBSIP

La Haute autorité de santé s’est prononcée en faveur du dépistage systématique du cytomégalovirus chez les femmes enceintes.

Après des années de désaccords entre instances consultatives et gynécologues quant à la pertinence d’un dépistage du cytomégalovirus (CMV) durant la grossesse, la Haute autorité de santé (HAS) a tranché. Dans une évaluation rendue le 17 juin, elle recommande dorénavant qu’un test sanguin (pour détecter la présence de deux types d’anticorps, les IgG et les IgM) soit systématiquement effectué chez les femmes enceintes dont l’immunité par rapport au CMV est inconnue ou négative. Il viendra donc s’ajouter aux autres tests prénataux déjà effectués chez les femmes enceintes pendant le premier trimestre de leur grossesse.

Séquelles rares mais graves

Le cytomégalovirus est un virus de la famille des Herpès virus. Il se transmet par un contact avec la salive, le mucus nasal, les sécrétions vaginales, le sperme, les urines ou le lait maternel. Cette infection virale courante (près d’une femme sur deux âgée de 15 à 49 ans a déjà été en contact avec ce virus), fréquente pendant la grossesse (entre 1 et 4% des femmes enceintes l’attrapent), est bénigne dans la majorité des cas (90% des cas) et sans conséquence pour la mère et le fœtus. Toutefois, elle peut dans des cas rares provoquer de lourdes complications (perte auditive neurosensorielle, troubles neurologiques, retard du développement ou formes de paralysie) chez un enfant à naître lorsqu’elle est contractée pendant le premier trimestre de grossesse, et s’il s’agit de la première fois que la future mère rencontre le virus (ce qu’on appelle une primo-infection). Le risque de séquelles est alors estimé entre 51 et 57%. En France, ces complications graves concernent environ 1 à 6 nouveau-nés infectés pour 100 000 naissances.

Efficacité sur la transmission…

Jusqu’à présent, en France, les recommandations émises par diverses instances (dont le Haut Conseil de la Santé publique en 2018 puis en 2023) ne préconisaient pas de dépistage systématique du CMV durant la grossesse, notamment en raison du manque de preuves du bénéfice à dépister et traiter. Un tiers des grossesses en France ont pourtant déjà fait l’objet d’un dépistage du CMV, majoritairement à l’hôpital, et le plus souvent en Ile de France. Saisie par le gouvernement, la HAS a revu sa position.

S’appuyant notamment sur l’évolution des connaissances scientifiques récentes, elle considère que l’on peut considérer le traitement antiviral valaciclovir comme efficace pour empêcher la transmission du CMV de la mère à l’enfant. Ce médicament semble également sûr, puisqu’aucun signe de tératogénicité (c’est-à-dire la capacité d’une molécule à provoquer des malformations ou des troubles du développement) n’a été relevé entre 2007 et 2023.

…mais pas sur la réduction des séquelles

La HAS relève néanmoins que certains points restent encore incertains, comme l’efficacité de cet antiviral sur la réduction du risque de séquelles et leur gravité, ou la possibilité qu’apparaissent des effets indésirables encore non identifiés pour les mères ou leurs enfants à partir du moment où le nombre de femmes traitées sera élargi. L’instance sanitaire précise également que les femmes dont les résultats sérologiques seront négatifs devront mettre en place des mesures d’hygiène préventives. Et un traitement préventif par valaciclovir pourra être proposé aux futures mères dont le dépistage aura révélé une primo-infection récente. Ce dépistage systématique à l’échelle nationale est prévu pour durer trois ans. A l’issue de cette période, il devra être réévalué à partir des données scientifiques complémentaires.

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