Les roux sont plus douillets

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Les idées reçues concernant les personnes à la chevelure couleur rouille sont nombreuses, et pas toujours très sympathiques. L’une d’entre elles affirme que ces dernières seraient plus douillettes. Qu’en est-il ?

Les chevelures incandescentes déchaînent passions et supputations depuis l’Antiquité. Parmi les idées reçues à propos des roux, certaines les désignent comme plus sensibles à la douleur, voire plus difficiles à anesthésier. C’est ce que la science a voulu explorer.


Le 2 avril 2021, dans la revue Science Advances, des chercheurs des quatre coins du monde ont publié une étude sur le sujet. Ils expliquent d’abord que le fait d’être roux est lié à une mutation du gène MC1R qui code pour le récepteur de la mélanocortine 1 présent sur les mélanocytes, ces cellules de la peau qui sont responsables de notre pigmentation. Il se trouve que cette mutation entraînerait également un seuil de tolérance à la douleur plus élevé. Soit l’exact contraire de ce que soutient la rumeur…

En 2005 déjà, Jeffrey Mogil, généticien et expert de la douleur canadien, avait publié dans le Journal of Medical Genetics une étude portant à la fois sur des souris et des humains roux. Elle avait montré « une sensibilité réduite aux stimuli nocifs » Une première preuve, donc, de la bonne résistance à la douleur de ce groupe de personne

L’étude de Science Advances explicite le mécanisme qui fait que les souris rousses endurent une pression deux fois plus forte et restent 5 secondes de plus sur une plaque chauffée à 52° C. La mutation du récepteur MC1R inhibe donc la production par les mélanocytes de pigments bruns/noirs (en plus des jaunes/rouges). Mais ce n’est pas tout : elle engendre également une moindre sécrétion de proopiomélanocortine, une molécule qui se scinde ensuite en différentes hormones, dont une qui sensibilise à la douleur et une qui la bloque, maintenant un équilibre entre les récepteurs inhibant la douleur et ceux améliorant sa perception. Chez nos souris rousses, avoir les deux hormones à de si faibles niveaux annulerait en fait leurs effets. Mais « le corps produit des facteurs supplémentaires, non liés aux mélanocytes, qui activent les récepteurs [qui bloquent la douleur] », explique David Fisher, auteur principal de l’étude. Résultat : une prépondérance de signaux « qui élèvent le seuil de résistance à la douleur ». La preuve en est donc faite : les roux sont au contraire plus résistants à la douleur !

 

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