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Les vaccins à ARN messager peuvent modifier notre génome.

Article Info/Intox
La nouvelle arme contre le coronavirus porte un nom : « vaccin à ARN messager ou ARNm ». Avec ces vaccins dits de « 3e génération », mis au point par les laboratoires Pfizer-BioNTech et Moderna, sont nés beaucoup d’espoir mais aussi beaucoup de questions.

Les vaccins à ARN messager sont des vaccins innovants. A la différence des vaccins de générations précédentes, on n’injecte pas une forme atténuée ou inactivée d’un virus, pas non plus certains de ses composants, pour leurrer l’organisme et le faire réagir. Leur mécanisme repose sur l’introduction dans l’organisme d’une séquence de protéines (l’ARNm), capable de s’introduire dans nos cellules mais pas dans leur noyau  - avant d’être éliminée naturellement. Cet ARNm va donner l’instruction à nos cellules de produire la protéine Spike (aussi appelée protéine S), l’un des marqueurs du SARS-CoV-2. « C’est comme dans Mission impossible : le message va s’autodétruire très vite», explique Bruno Pitard, pionnier des technologies de vaccins de 3e génération et directeur de recherche au Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers (CRCINA). C’est d’ailleurs cette fragilité de l’ARNm qui rend si complexe la production, le transport et le stockage de ce type de vaccins : les flacons doivent être conservés à des températures très basses et ne doivent pas être agités. Aucun risque, donc, que l’ARNm ne persiste dans notre organisme.

ARNm fragile… et noyau inaccessible

Mais la vraie raison pour laquelle l’ARNm injecté n’a aucune chance de transformer notre génome, c’est qu’il est tout bonnement incapable de pénétrer dans le noyau des cellules : il n’est pas équipé pour. Or, c’est dans ce noyau que se trouve notre matériel génétique. Pour bien faire comprendre ce processus, Bruno Pitard utilise une image parlante, celle d’un tronçon d’autoroute. « Sur l’autoroute, il y a des systèmes d’entrée et de sortie, des sens de circulation. Là, c’est pareil. Dans la nature, l’ADN (qui est dans le noyau) produit des ARN messagers qui vont vers le cytoplasme [la partie de la cellule comprise entre sa membrane et son noyau, NDLR]. » Un ARNm injecté ne pourra donc en aucun cas rentrer dans le noyau car ce n’est pas le bon sens de circulation. Et il y a par ailleurs un garde-fou imparable : « Pour pouvoir rentrer dans le noyau, l’ARN devrait impérativement présenter au péage le bon ticket d’autoroute, valable pour le bon tronçon, dans le bon sens. Or si vous avez fait un Paris-Chartres, vous pouvez toujours vous présenter à Chartres pour retourner à Paris avec votre ticket Paris-Chartres, ça n’ouvrira jamais la barrière ! Et pour pouvoir se glisser sous la barrière qui garde l’entrée du noyau, il faudrait être une toute petite molécule, ce qui n’est absolument pas le cas de l’ARN ». L’ARN messager utilisé dans les vaccins de Pfizer/BioNTech ou de Moderna, n’a donc pas en sa possession le ticket lui permettant de s’introduire dans le noyau de la cellule ! Il lui est donc impossible de s’introduire dans notre génome et de modifier notre patrimoine génétique.

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