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Méningiome : trois nouvelles molécules suspectes

Méningiome : trois nouvelles molécules suspectes
L’Agence nationale de sécurité des médicaments vient de publier une nouvelle étude sur l’augmentation du risque de souffrir d’un méningiome après la prise de certains médicaments.

Les services de pharmaco-épidémiologie Epi-Phare de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) viennent de faire connaître les résultats d’une nouvelle étude menée dans le cadre de la surveillance renforcée de l’ensemble des médicaments progestatifs. En effet, entre 2019 et 2020, certaines de ces molécules (Androcur, Lutenyl, Lutéran et génériques) ont été étudiées et reconnues comme favorisant le développement d’un type particulier de tumeurs, les méningiomes. Cette fois, ce sont d’autres molécules de la même famille qui ont été étudiées.

Qu’est-ce qu’un méningiome ?

Les méningiomes sont des tumeurs généralement bénignes, d’évolution lente, mais dont la présence au niveau du cerveau peut entraîner des maux de tête, des troubles de l’équilibre, de la parole ou de la vue, de l’audition ou de l’odorat, des crises d’épilepsie… Cependant, leur apparition n’est pas exclusivement liée à la prise d’un médicament, elle peut avoir bien d'autres causes. Selon l’ANSM, « dans la population générale, on estime que 9 personnes sur 100 000 sont susceptibles de développer un méningiome chaque année. Il s'agit de la tumeur cérébrale la plus courante à partir de 35 ans et représente plus d’une tumeur cérébrale primaire (hors métastase) sur trois. »

Que sont les progestatifs ?

Les progestatifs sont des médicaments utilisés dans des pathologies gynécologiques (endométriose, fibromes, règles particulièrement longues et/ou abondantes, troubles du cycle), dans le traitement hormonal substitutif (y compris ménopause), mais aussi en obstétrique dans certains cas de stérilité notamment.

À quoi s’est intéressée cette étude ?

À partir des données du Système national des données de santé (SNDS), la nouvelle étude a visé à évaluer chez les femmes le risque de "méningiome intracrânien opéré" lié à l’utilisation de progestatifs tels que les molécules suivantes : progestérone, médrogestone, médroxyprogestérone, dydrogestérone, promégestone, diénogest. Le risque de méningiome lié aux dispositifs intra-utérins au lévonorgestrel, aussi appelés stérilets hormonaux, a également été étudié.

Cette étude menée chez plus de 18 000 femmes opérées d’un méningiome et plus de 90 000 femmes “témoins” entre 2009 et 2018 a permis de conclure à une différence selon les molécules étudiées.

Ainsi elle montre que l’utilisation prolongée de promégestone (médicament Surgestone 0,5 mg), de médrogestone (médicament Colprone 5 mg) ou d’acétate de médroxyprogestérone (médicament Depo Provera 150 mg / 3 ml) est associée à un risque plus important de souffrir d’un méningiome. Il est encore augmenté lorsque la durée d’utilisation de ces médicament, prescrits à la posologie autorisée par l’autorisation de mise sur le marché, dépasse 1 an comme c’est le cas avec les acétates de chlormadinone (médicament Lutéran et génériques), de nomegestrol (médicament Lutényl et génériques) et de cyprotérone (médicament Androcur et génériques).

A contrario, les résultats avec les DIU au lévonorgestrel 13,5 et 52 mg, des contraceptifs largement utilisés, ne montrent pas de surrisque de méningiome. De même, l’exposition à la progestérone) (médicament Utrogestan et génériques) et à la dydrogestérone (médicaments Duphaston et Climaston) n’est pas synonyme de risque plus important que la moyenne de présenter un surrisque de méningiome.

De nouvelles mesures de protection à venir

Ces résultats ont été présentés le 12 juin 2023 à l’occasion d’une réunion avec des professionnels de santé (gynécologues, endocrinologues, médecins généralistes, neurochirurgien) et des représentants d’associations de patients (Amavea, Endomind, EndoFrance, France Assos Santé, Acceptess-T).
Une nouvelle réunion du comité scientifique sur le sujet est prévue tout prochainement afin de déterminer quelles mesures de protection des femmes doivent être prises concernant ces 3 progestatifs soupçonnés de favoriser les méningiomes (promégestone, médrogestone, médroxyprogestérone) afin de réduire le risque associé.

Que faire ?

Toutes les patientes ayant pris ou prenant ces médicaments peuvent en parler avec leur pharmacien, leur médecin généraliste ou leur gynécologue. Les recommandations des experts indiquent qu’une IRM cérébrale devra être réalisée en cas de signes cliniques neurologiques évocateurs d’un méningiome (maux de tête, troubles de la vision, du langage, de la mémoire et de l’audition, nausées, vertiges, convulsions, perte de l’odorat, faiblesse ou paralysie). Il est clair que l’intérêt à poursuivre le traitement doit être réévalué régulièrement (tous les ans), notamment aux alentours de la ménopause, le risque de méningiome augmentant fortement avec l’âge.

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