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On ne risque jamais d’overdose avec de l’homéopathie

Article Info/Intox
L’homéopathie reposant sur la dilution un très grand nombre de fois d’une substance active, aucun risque d’overdose n’est logiquement à craindre. Mais c’est sans compter sur les potentiels aléas de fabrication.

À part une surdose de sucre, on pensait ne pas avoir grand-chose à craindre de grave de la prise d’homéopathie.  Alors comment expliquer le cas d’un Allemand de 53 ans, sans antécédents médicaux ni traitement médicamenteux régulier, arrivé aux urgences de l’hôpital de Munich en présentant de nombreux symptômes inquiétants tels que de la confusion, de l’anxiété, une perte de contrôle de ses mouvements et de sa parole ?

Les médecins, qui ont publié une étude sur son cas dans la revue Clinical Toxicology en février 2021, ont diagnostiqué un « syndrome atropinique », après avoir appris du patient qu’il avait ingéré une solution homéopathique contenant de l’extrait d’une plante, l’Atropa belladonna, prétendument en dilution D4, c’est-à-dire dilué 10 000 fois. Cette plante, appelée belladone ou encore cerise du diable, est connue pour sa très grande toxicité : l’ingestion de 10 à 15 de ses baies peuvent provoquer la mort d’un adulte à cause de leur teneur en atropine. Après recherche à la fois dans les solutions homéopathiques que le patient avait expliqué avoir ingérées, et dans son sérum, il s’est avéré que cette molécule - qui aurait dû être indétectable après une telle dilution - était bel et bien présente, et pas qu’un peu !

Erreur de fabrication

« L’analyse a révélé des concentrations d’environ 3 mg/ml de sulfate d’atropine dans la solution homéopathique et un taux sérique de 5,7 ng/ml dans le sang du patient prouvant un surdosage d’atropine de 600 fois dû à une erreur de production de la dilution homéopathique », écrivent les auteurs de l’article. Une vraie surdose donc pour un patient qui a heureusement récupéré après une période d’observation. « Des erreurs de fabrication rares mais potentiellement dangereuses doivent être envisagées face à des symptômes survenant après l’ingestion de remèdes homéopathiques ou holistiques », résument-ils sobrement.

La Food and Drug Administration (FDA) avait déjà émis, en 2017, une alerte sur un traitement homéopathique à base de belladone censé soulager la poussée dentaire infantile. L’agence américaine avait découvert que la teneur en alcaloïdes de la belladone n’était pas uniforme dans les différents produits. Dans certains, les niveaux d’atropine et de scopolamine dépassaient de loin la quantité indiquée sur les étiquettes. Tout sauf anodin. Quelle que soit la nature des produits que l’on souhaite utiliser pour se soigner, il est très important de préférer des fabricants ayant le statut de laboratoire pharmaceutique : ces derniers mettent en place des protocoles qualité extrêmement poussés, limitant autant que possible les risques.

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