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Paquets de couches : des illustrations trompeuses

Paquets de couches : des illustrations trompeuses

Par archikatia

Principal facteur de risque de la mort subite du nourrisson, le couchage sur le ventre des nourrissons est aujourd’hui banni par les pédiatres… mais pas par les publicitaires.

Des chercheurs français de l’Inserm, d’Université Paris Cité et de HEC Paris, en collaboration avec l’AP-HP, le CHU de Nantes et d’autres structures de recherche européennes se sont intéressés de près au risque de mort subite du nourrisson et à l’impact délétère que peuvent avoir certains visuels présents sur les paquets de couches. En effet, on sait que « les images véhiculant des messages de santé implicites ou explicites se sont montrées efficaces pour modifier de nombreuses pratiques en santé (consommation d’alcool pendant la grossesse, allaitement maternel…). On sait aussi que si les images publicitaires ont historiquement constitué d’importants outils de persuasion, elles ont également toujours été une source d’information auprès des consommateurs. » Or, sur ces emballages, on voit des bambins assoupis sur de douillettes couettes ou lovés contre un doudou, voire un papa confortable. Des images certes adorables mais qui ne respectent pas les recommandations actuelles relatives au couchage des bébés pour limiter les risques de mort subite.

Des recommandations précises

C’est au début des années 90 que la position de couchage sur le ventre a été identifiée comme le facteur de risque majeur du syndrome de mort subite du nourrisson. Cela a conduit les soignants à émettre de nouvelles recommandations pour aider les parents à faire les choix les plus sécurisés possibles. Ainsi, les conseils de l’American Academy of pediatrics font actuellement foi : pour éliminer le maximum de risque de mort subite du nourrisson, il est conseillé de coucher le bébé sur le dos, sur une surface ferme dans un lit sécurisé (lit à barreaux, berceau, lit parapluie, parc), dans la chambre des parents, sans objets ou accessoires de literie mous se trouvant sur, sous ou à côté du bébé (oreiller, jouet ressemblant à un oreiller, peluche, couette, édredon, peau de mouton, couverture, drap de matelas non ajusté, ou tour de lit). Il est également recommandé que le petit ne partage pas la surface de couchage avec une autre personne, et qu’il utilise une tétine.

Des visuels problématiques

Les chercheurs ont systématiquement passé en revue les images ornant les paquets de couches vendus dans onze pays européens, dont la France, pour les bébés de moins de 5 kg, c’est-à-dire ceux les plus à risque de mort subite. Les résultats sont édifiants. L’équipe a identifié au total 631 emballages de couches pour bébés de moins de 5 kilos. Les analyses ont révélé que 79 % des paquets de couches représentant un bébé assoupi – soit 39 % de l’ensemble des paquets - étaient non conformes avec au moins une recommandation de prévention de la mort subite du nourrisson non respectée. On pouvait ainsi observer un enfant endormi sur le ventre ou sur le côté sur 45 % de ces emballages, avec une literie ou un objet mous (peluche, édredon, couette, peau de mouton, couverture, drap de matelas son ajusté ou encore tour de lit) sur 51 % des paquets, ou encore partageant la surface de couchage avec une autre personne sur 10 % d’entre eux.

Ne pas reproduire ces mises en scènes

De manière moins systématique, les chercheurs ont aussi poursuivi leurs investigations sur les sites internet d’agences sanitaires ou de sociétés savantes à travers l’Europe, et là aussi ils disent avoir repéré des images non conformes. « Nos résultats soulignent qu’il y a un décalage entre les messages qui sont véhiculés sur ces produits du quotidien ou des sites institutionnels, auxquels de nombreux parents sont fortement exposés, et les recommandations pour la prévention de la mort subite », note martin Chalumeau, l’un des auteurs de l’étude. L’épidémiologiste à l’Inserm, professeur à l’Université Paris Cité et pédiatre à l’AP-HP ajoute : « Ces résultats suggèrent la nécessité d’actions de la part des fabricants et des législateurs pour empêcher cette exposition à des images non conformes aux recommandations afin de prévenir des pratiques de couchage dangereuses ». Pour toute question sur les recommandations actuelles concernant la santé de votre enfant, vous pouvez bien-sûr questionner votre pharmacien. Il sera notamment à même de vous conseiller une consultation avec un généraliste ou un pédiatre si cela s’avérait nécessaire.

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