L’heure est grave. Formatrice en santé sexuelle tant auprès des professionnels de santé que des jeunes dans les collèges et lycées, Charline Vermont ne cesse de lancer des alertes. Les trois séances d’éducation à la santé sexuelle, obligatoires en milieu scolaire, passent encore trop souvent à la trappe. Le taux de dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST) ne cesse de diminuer, alors que ces maladies sont en recrudescence partout dans le monde, telle la syphilis ou la gonorrhée. Quant au préservatif, son usage est trop marginal. Le bilan des appels reçus en 2024 par Sida Info Service, devenu SIS Association en 2011, est particulièrement édifiant.
Osez demander !
En effet, l’an dernier, les lignes d’écoute de SIS Association ont reçu 15 748 sollicitations portant sur des IST autres que VIH et l’hépatite B, dont 3314 émanaient de jeunes de moins de 25 ans. C’est dans cette tranche d’âge que les chiffres sont les plus inquiétants. Dans 79% des cas, les appelants ont pris contact au sujet d’une IST alors qu’ils n’avaient pas utilisé de préservatif lors du rapport en cause. Pire, ce chiffre grimpe à 83% chez les jeunes femmes contre 77% chez les hommes. Selon de nombreux témoignages recueillis par SIS Associations, il existe « une dépendance à la volonté du partenaire, rendant plus difficile la protection pour les jeunes femmes ».
La France a pourtant largement renforcé l’accès aux moyens de contraception pour les moins de 26 ans, en particulier avec la mise à disposition de préservatifs en pharmacie, intégralement pris en charge par l’Assurance maladie et sans avance de frais, depuis 2023. Si 16 millions de préservatifs ont ainsi été écoulés la première année, c’est loin d’être suffisant d’après Charline Vermont : « Selon une enquête récente, seuls 14% des jeunes osent en faire la demande. »
Du nouveau dans le dépistage
Tout comme la formatrice en santé sexuelle, SIS Association pointe elle aussi une méconnaissance de l’accès au dépistage : près de 75 % des jeunes posent des questions sur le déroulement des tests, leur gratuité, leur fiabilité. Pourtant, rappelle-t-elle, le dispositif « mon test IST » a été lancé en septembre 2024 pour renforcer la visibilité et l’accessibilité. Dans ce cadre, toute personne de moins de 26 ans peut se présenter dans un laboratoire de biologie médicale sans ordonnance et demander le dépistage gratuit, non seulement du VIH, mais aussi de la chlamydia, la syphilis, la gonorrhée et l’hépatite B.
Grande nouveauté : depuis le 1er juillet dernier, les jeunes femmes de 18 à 25 ans peuvent commander gratuitement un kit d’auto-prélèvement pour dépister chlamydia et gonocoque, deux infections très répandues, directement sur le site mon-test-ist.ameli.fr. Il convient de rappeler que l’infection à chlamydia ou chlamydiose, est l’une des IST les plus fréquentes chez les jeunes, notamment les femmes, et qui peut provoquer des complications si elle n’est pas traitée. C’est en particulier l’une des premières causes de stérilité. Quant à l’infection à gonocoque ou gonorrhée, elle prend de l’ampleur, surtout chez les hommes. Elle provoque des douleurs, de type sensations de brûlures en urinant, et des écoulements génitaux. Le kit de dépistage est livré à l’adresse souhaitée dans une enveloppe neutre, sous sept jours ouvrés. Attention, les kits de dépistage par auto-prélèvement urinaire destinés aux hommes ne sont pas encore disponibles.