Interdits à la production, à la vente et à l’usage : telle est depuis le 9 juillet la règle qui s’applique aux nitazènes, produit désormais classé dans la catégorie des stupéfiants. Cette décision a été prise par les autorités sanitaires françaises, dans un contexte où les mouvements de population estivaux vont être importants sur le territoire. Les nitazènes, également appelés « dérivés benzimidazolés », sont une nouvelle classe d’opioïdes de synthèse, qui circulent actuellement en France sur le marché des drogues illicites.
Mise en jeu du pronostic vital
Les opioïdes sont une famille de substances (d’origine naturelle, hémi-synthétique ou synthétique) qui agissent notamment sur le système nerveux central. On les trouve en pharmacie en tant que médicaments contre la douleur (par exemple la morphine ou le fentanyl). Les nitazènes sont « particulièrement dangereux car plus que puissants que d’autres opioïdes, avec un risque élevé d’overdose (intoxication) potentiellement mortelle, même à faible dose » a alerté l’Agence française du médicament (ANSM), en mettant également en garde contre le « risque plus important de dépendance associé à ces produits ». De fait, en Angleterre et en Europe de l’Est, plusieurs dizaines de décès en lien avec des nitazènes ont déjà été rapportés depuis 2023. En France, on recense pour l’instant deux décès.
Comme les autres opioïdes, ces dérivés benzimidazolés peuvent provoquer des intoxications. Dans ce cas, la conduite à tenir est de contacter immédiatement un service d’urgence (Samu, pompiers, 112), et de maintenir la personne éveillée jusqu’à l’arrivée des secours. Les autorités sanitaires recommandent que les usagers ou leur entourage soient en possession d’un kit de naloxone, qui est l’antidote en cas d’overdose. Ce kit est à administrer en attendant les secours. Toutefois, du fait de la puissance des nitazènes, la dose nécessaire de naloxone à utiliser peut-être supérieure à celle habituellement administrée pour d’autres opioïdes. Il est donc important de répéter l’administration de naloxone jusqu’à la prise en charge par des professionnels.
Symptômes à avoir en tête
Les surdoses n’apparaissent pas toujours immédiatement après la prise du produit, et peuvent se manifester plusieurs heures après, ou survenir brutalement, juste après une prise. Parmi les symptômes possibles d’overdose, on relève une difficulté à respirer normalement (dépression respiratoire), des nausées, un rétrécissement de la pupille (appelé myosis), des troubles de la conscience, une somnolence allant jusqu’au coma et pouvant entraîner un décès, du fait de la puissance de cette substance.
Les nitazènes se présentent sous forme de poudre, comprimé ou liquide, dans des sprays pour instillation nasale ou dans des e-liquides. Ils y sont présents seuls ou associés à d’autres substances psychoactives, parfois à l’insu des usagers. Ils ont ainsi été détectés dans des échantillés supposés d’héroïne, de fentanyl, de cocaïne, de kétamine, ou encore dans des médicaments contrefaits. Ils sont injectés, inhalés ou consommés par voie rectale ou nasale. Ils ne sont pas détectables par un dépistage urinaire classique.