A la fois substance résineuse produite par certains végétaux et production de l’abeille à partir de cette résine et de cire, la propolis dans cette deuxième acceptation fait partie de la pharmacie des hommes depuis l’Antiquité. Riche en composés antiseptiques et antifongiques, elle est principalement utilisée dans les infections ORL et en dermatologie sous diverses formes : pommade, crème, comprimé, gélule, spray, sirop… Très souvent, ces produits à base de propolis ont le statut de complément alimentaire, ils sont en vente libre, notamment en pharmacie.
Néanmoins, il est recommandé aux personnes allergiques aux produits de la ruche ou aux piqûres d’abeilles, ainsi qu’aux femmes enceintes ou allaitantes, de ne pas en consommer.
Pronostic vital engagé
L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) s'est penché sur ce sujet et a remarqué que les cas de réaction d’hypersensibilité « semblent être en hausse dans l’Hexagone », rapporte APMnews. Dans ses bases de données de surveillance des compléments alimentaires (appelée nutrivigilance), l’instance a pu identifier 114 signalements d'effets indésirables attribués à la propolis, dont 57 sont considérés comme « très vraisemblables ».
Parmi ces derniers, onze angioœdèmes (ou œdèmes de Quincke) du larynx ou de la langue sont survenus après consommation d’un complément alimentaire contenant de la propolis et un autre produit (miel, gelée royale, etc.), engageant le pronostic vital dans deux cas et entraînant même un décès. Ce même signalement a été effectué pour cinq autres personnes ayant pris un complément alimentaire contenant uniquement de la propolis, avec mise en jeu du pronostic vital dans un cas. L’Anses relève également des effets indésirables cutanés (17 cas), respiratoires (18 cas) et digestifs (10 cas).
Un risque établi
Pour le Dr Martine Morrisset, responsable de l’unité d’allergologie du CHU d’Angers (Maine-et-Loire), qui commentait ces données à la mi-avril lors du Congrès francophone d’allergologie à Paris, ces résultats confirment que les compléments alimentaires contenant de la propolis entraînent surtout « des réactions d'hypersensibilité immédiate en dehors des signes cutanés isolés, et parfois des réactions de gravité majeure, notamment après administration en spray ».
Les datas rassemblées par l’ANSM sont cohérentes avec les données de la littérature, qui font état d’une hausse des cas de dermatite de contact à la propolis depuis 1970, liée tant à son utilisation pour des traitements locaux (ulcères de jambe, lésions anale, buccale et labiale), dans des cosmétiques (shampoing, après-shampoing, pommade, lotion, rouge à lèvres, dentifrice, vernis) et surtout, dans les compléments alimentaires.
La prudence est donc de mise, même chez les personnes n’ayant aucune sensibilité connue aux produits de la ruche.