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Vaccinations : l’OMS et l’Unicef sont inquiets

Vaccinations : l’OMS et l’Unicef sont inquiets
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) alertent sur la plus forte baisse ininterrompue des vaccinations infantiles enregistrée depuis 30 ans.

Des données officielles publiées le 15 juillet par les organismes internationaux permettent de suivre l’évolution des vaccinations réalisées au niveau mondial. Un excellent indicateur de santé, dont les résultats inquiètent beaucoup.

25 millions de bébés n’ont pas reçu des vaccins vitaux

Rien qu’en 2021, 25 millions de bébés n’ont pas reçu une ou plusieurs doses du vaccin vital contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC3) dans le cadre des services de vaccination systématique, alertent l’OMS et l’Unicef. Soit 2 millions de plus qu’en 2020, et 6 de plus qu’en 2019. Et le pourcentage d’enfants ayant reçu 3 doses du vaccin DTC3, un marqueur de la couverture vaccinale à l’intérieur d’un pays et entre pays, a chuté de 5 points de pourcentage entre 2019 et 2021, pour se stabiliser à 81 %. De plus en plus d’enfants dans le monde sont exposés sans protection à des maladies dévastatrices et pourtant évitables : sur les 25 millions de bébés qui n’ont pas de schéma vaccinal complet avec le vaccin DTC3, 18 millions n’en reçu aucune dose !

Où vivent ces bébés ?

Les bébés non protégés ou insuffisamment protégés par le DTC3 vivent notamment en Inde, en Indonésie, au Nigéria, en Ethiopie et aux Philippines. Et parmi les pays ayant enregistré la plus forte augmentation relative du nombre d’enfants n’ayant pas reçu une seule dose entre 2019 et 2021, on peut citer le Myanmar (ex-Birmanie) et le Mozambique.

« Fausses informations »

De nombreux facteurs expliquent cette situation, notamment lié à la pandémie de Covid-19, avec des mesures de confinement ayant limité l’accès aux services de vaccination et aux vaccins, les perturbations de chaînes d’approvisionnement liées au réacheminement des ressources à l’appui de la riposte contre le coronavirus. Les fausses informations qui ont circulé autour de ce dernier et de ses vaccins ont aussi contribué à ce recul. Sans oublier les conflits et autres environnements fragiles auxquels sont confrontés de plus en plus d’enfants dans le monde, rendant leur accès à la protection vaccinale, pourtant cruciale, difficile ou secondaire.

« La Covid-19 n’est pas une excuse »

« Il s’agit d’une alerte rouge pour la santé des enfants. Nous assistons à la plus forte baisse ininterrompue de la vaccination des enfants en une génération, dont les conséquences se compteront en vies humaines », s’est émue Catherine Russel, directrice générale de l’Unicef. « Alors que l’on s’attendait à ce que la pandémie laisse des séquelles l’an dernier en raison des perturbations et des confinements liés à la Covid-19, nous constatons aujourd’hui que la baisse ne fléchit pas. La Covid-19 n’est pas une excuse. Il nous faut rattraper le temps perdu pour les millions de personnes qui n’ont pas été vaccinées, faute de quoi nous assisterons immanquablement à une recrudescence des flambées épidémiques, nous verrons davantage d’enfants malades ». L’OMS et l’Unicef confient qu’elles « espéraient que 2021 soit l’année du relèvement et qu’elle verrait une relance des programmes de vaccination qui avaient été mis sous tension, de sorte que les enfants qui n’avaient pas été vaccinés en 2020 puissent enfin l’être », mais « au lieu de cela, la couverture par le DTC3 a été ramenée à son plus bas niveau depuis 2008, ce qui, avec la baisse de la couverture d’autres vaccins de base, a fait dévier la communauté internationale de la trajectoire menant aux objectifs mondiaux ».

Le vaccin HPV en recul mondial aussi

A l’échelle mondiale, plus d’un quart de la couverture vaccinale contre les papillomavirus humains qui avait été atteinte en 2019 a été perdue, exposant tout particulièrement femmes et filles à des conséquences graves. Et la couverture mondiale de la première dose de vaccin HPV n’est que de 15 %, alors que les premiers vaccins ont été homologués il y a plus de 15 ans !

L’immunité affaiblie par la hausse de la malnutrition sévère

Ce recul vaccinal intervient dans un contexte de hausse rapide des taux de malnutrition aiguë sévère, liée notamment aux conditions de vie dans les zones de conflits ou de tensions. « Or, un enfant souffrant de malnutrition voit déjà son immunité affaiblie et les vaccinations manquées peuvent signifier que les maladies infantiles courantes deviennent rapidement mortelles pour eux. »

La rougeole préoccupe aussi

Autre vaccination en recul mondial, celle contre la rougeole. La couverture pour la première dose du vaccin est tombée à 81 % en 2021, soit là encore le niveau le plus bas depuis 2008. Cela signifie que 24,7 millions d’enfants n’ont pas reçu leur première dose de vaccin contre la rougeole en 2021, soit 5,5 millions d’enfants de plus qu’en 2019 n’ayant aucune protection. Par ailleurs, 14,7 millions d’enfants supplémentaires n’ont pas reçu la deuxième dose nécessaire.

« Un crève-cœur »

« Voir pour la deuxième année consécutive davantage d’enfants perdre la protection contre des maladies évitables me fend le cœur », a déclaré le Dr Seth Berkley, directeur exécutif de Gavi, l’alliance du Vaccin, cité dans le communiqué OMS-Unicef.

Quelles solutions sont préconisées ?

Les partenaires du Programme pour la vaccination à l’horizon 2030 appellent les gouvernements et acteurs concernés à « intensifier les efforts de vaccination de rattrapage pour combler le retard pris par la vaccination systématique », et à élargir les services de vaccination de proximité dans les régions mal desservies. Autre levier d’action, la lutte contre la désinformation en mettant en œuvre « des stratégies fondées sur des données probantes, centrées sur les personnes et conçues sur mesure afin de renforcer la confiance dans les vaccins et la vaccination, de lutter contre les fausses informations et d’améliorer l’adoption des vaccins, en particulier parmi les populations vulnérables ».

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