A la barre de la Direction générale de la santé (DGS) depuis janvier 2018, le professeur Jérôme Salomon est rompu aux crises épidémiques après avoir traversé à ce poste la pandémie de Covid. Lors d’une conférence de presse donnée le 30 août, il était accompagné du directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), Yazdan Yazdanpanah, et des représentants de l’agence du médicament (ANSM) et de Santé Publique France. Pour ces experts, lutter contre la variole du singe (ou monkey pox) nécessite de beaucoup investir sur la prévention, tout en évitant absolument la stigmatisation des populations actuellement les plus touchées par la maladie, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes rapportant des partenaires sexuels multiples.
Une campagne efficace de vaccination
Les vaccinations ont démarré cet été. En France, la campagne a permis à ce jour d’injecter 70 000 doses contre ce virus cousin de la variole de la famille des MOT (microorganismes et toxines) grâce à la mobilisation de plus de 220 sites de vaccination dont 5 pharmacies (une vingtaine d’autres officines réparties en France devraient bientôt proposer également ce vaccin). Selon le Pr Salomon, en plus de cette vaccination préventive, « plusieurs centaines de personnes ont bénéficié d’une vaccination post-exposition depuis le 27 mai » dans notre pays.
Une maladie sous surveillance
Le monkey pox est désormais sous surveillance internationale au vu du caractère inédit de la situation. « Nous sommes face à la résurgence d’une maladie qui avait été éradiquée de la planète au point d’arrêter de vacciner dans les années 80 », a rappelé le Pr Salomon, tandis que le Pr Yazdanpanah ajoutait : « Nous pensons que cette épidémie est liée à une déficience d’immunité collective » à cause justement de cet arrêt vaccinal.
Où en est l’épidémie en France ?
« Nous sommes 3 mois après la détection du premier cas autochtone en Europe, le 8 mai. Il y a eu une mobilisation collective incroyable, au niveau international, européen, français, de l’ANRS, de l’ANSM, de Santé publique France, de la Haute Autorité de santé (HAS), des sociétés savantes, des associations », s’est réjoui Jérôme Salomon. « Nous sommes dans une démocratie sanitaire adulte, mature, qui permet d’avancer sur une stratégie adaptée, avec des relations extrêmement anciennes et solides avec le monde associatif ». De grands moyens ont été alloués à la prévention, ce qui a permis de vacciner un maximum de personnes atteintes. Un fléchissement du nombre de cas est constaté actuellement, « même s’il faut rester prudent ».
Pour le moment, la stratégie vaccinale reste ciblée sur les personnes les plus exposées à cette maladie qui se transmet par contacts rapprochés, essentiellement parmi la population des Hommes ayant de relations sexuelles avec les hommes (HARSH) et des partenaires multiples. Le Pr Salomon a rappelé aussi que la prise en charge de la douleur associée aux symptômes a, dès le début, été une priorité afin de mettre en place un protocole adapté contre cette maladie, certes peu mortelle (2 décès en Europe, aucun en France, 0,03 % de mortalité), mais très douloureuse et traumatisante.
Y a-t-il des cas asymptomatiques ?
Si les symptômes de la variole du singe peuvent en effet être très douloureux, il existe comme avec la Covid une grande variabilité de la gravité des cas, allant des asymptomatiques à des personnes présentant des versions très sévères. D’où l’importance du dépistage, par test PCR pour le moment - même si les spécialistes espèrent des autotests par la suite.
Quid du vaccin et du traitement ?
Le vaccin contre la variole, de 3e génération, est efficace contre la variole du singe « mais tout seul il n’assure pas une protection à 100 %, il faut aussi de la prévention » pour endiguer la propagation de la maladie, a martelé le Pr Salomon. « Ce sont les comportements humains qui vont très certainement modifier le développement de la maladie », estime-t-il. Il existe par ailleurs un traitement antiviral mais que l’on utilise uniquement sur les formes sévères : les données cliniques sur l‘homme manquent encore, même si les données précliniques sur les macaques sont très rassurantes.